The Dandy Warhols
“Why You So Crazy” DINEALONE/CAROLINE
Qu’on nous apporte du Botox : les Dandy Warhols fêteront cette année leurs 25 ans de carrière (terme inapproprié pour ce quatuor de slackers autoproclamés)... On se souvient des frasques de leurs débuts — ils finissaient leurs concerts à poil, une révolution quand on n’a pas connu Woodstock. Et surtout, ils insufflaient de l’humour et du rien-àfoutre dans un petit monde qui aime se prendre au sérieux. Il y a eu une série d’albums quasi parfaits et puis, ils ont acheté l’Odditorium, leur studio-repaire à Portland — meilleur moyen de sombrer dans l’onanisme sonore. Les disques ont commencé à sonner comme des autoparodies, les tubes se sont raréfiés. Jusqu’à “Why You So Crazy”, dixième album qui se barre dans tous les sens et c’est tant mieux. Car c’est là le charme des Dandys : toucher à tous les styles sans trop gratter la surface et en tirer des morceaux agaçants de facilité et souvent plus profonds qu’ils n’en ont l’air. Ici, ils exécutent un grand écart facial sonore : on débute avec “Fred And Ginger”, grésillant comme un 78 tours, on part dans la pop synthétique dès “Terraform”, on fait un détour psyché sur “To The Church”, on termine par un morceau classique au piano et, entre les deux, joie et bonheur, les Dandys ont retrouvé le mojo de la compo. La comptine “Highline”, le faux cantique “Sins Are Forgiven”, “Small Town Girls”, concentré de chanson dandyesque (paroles pleines d’humour, chanter-parler de Courtney Taylor-Taylor plein de morgue, mélodie diaboliquement catchy) ou ce “Motor City Steel” qui rappelle une foule d’autres choses, mais avec légèreté, redonnent foi en un groupe qu’on croyait rincé. ✪✪✪✪ ISABELLE CHELLEY