Joe Jackson
“Fool” EDEL/VERYCORDS
“OhmonDieu,quelmorceau! Onest ànouveauen1979!”, dit un commentaire sous la vidéo YouTube de “Fabulously Absolute”, premier single de ce réjouissant projet. On est tenté d’approuver tant les huit compositions de cet album bref et inspiré fleurent bon la new wave naissante et n’auraient pas fait pâle figure sur le premier album de Joe Jackson enregistré voilà 40 ans. D’une durée vinylique (42 minutes), ce disque est de ceux sur lesquels le temps n’a pas de prise. Dès “Big Black Cloud”, on retrouve ce qui fait le charme de ce chanteur et pianiste qui débuta durant l’ère punk et flirta avec divers genres musicaux, du jazz au classique en passant par la musique latine. Mais c’est avec des chansons directes et mélodiques comme “Alchemy” que l’on préfère Joe, qui reste très british dans son style même s’il habite désormais entre Berlin et New York. Enervé sur “Fabulously Absolute” où il fustige le politiquement correct en se définissant comme un “filthytroglodyte”, Joe Jackson est capable d’accélérer le tempo et de ciseler des mélodies tellement simples en apparence qu’on en oublierait presque leur extrême sophistication. “Dave” parle de l’homme de la rue, celui du petit bled où le chanteur naquit voilà 64 ans, et “Strange Land” évoque une ville où“tous les whiskies sont japonais et les bars pleins de fantômes”, métaphore du temps qui passe et qui brouille les repères. “Longue vie au bouffon ”, chante-t-il dans “Fool”, qui cite Shakespeare sur un tempo soutenu. La voix de Joe est aussi puissante que sur “Look Sharp” et son style est débarrassé des excroissances classico-intellos qui ont parfois gâté sa pléthorique discographie. Un album qui marque le retour à l’excellence d’un artisan de la pop britannique. ✪✪✪ 1/2 OLIVIER CACHIN