Rock & Folk

Night Beats

“Myth Of A Man” PIAS

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Disque du mois il y a trois ans (R&F 584) avec “Who Sold My Generation”, album racé et nerveux faisant figure d’immédiat petit classique, les Texans étaient attendus. Si leur précédent effort donnait crânement dans le garage viriloïde, dans la lignée des Black Angels ou BRMC, dès l’ouverture de celui-ci, on se sait ailleurs : “Her Cold Cold Heart”, sorte de bizarre valse à la Last Shadow Puppets, déjoue d’emblée toutes les attentes, tandis que “Stand With Me” lorgne vers le son hispanisan­t du Jimi Hendrix de “All Along The Watchtower”. Enregistré dans le studio de Dan Auerbach à Nashville, l’album porte son influence et, s’il a le clinquant un peu contrefait des production­s du leader des Black Keys, il s’avère riche en surprises. “Myth Of A Man, en fait, s’affirme bien plus soul/ R&B que son devancier, osant même une très convaincan­te incursion vers la Philly soul (“I Wonder” et ses cordes), virant presque mod sur “Eyes On Me”. La proximité avec Alex Turner est parfois troublante : “(Am I Just) Wasting My Time” pourrait être un inédit du leader des Arctic Monkeys. On se retrouve en terrain plus familier sur le frénétique “Let Me Guess”, taillé pour la scène. Difficile de dire si cette versatilit­é est l’indice d’une sincère volonté d’exploratio­n ou d’un désarroi stylistiqu­e. Une certitude, Danny Lee Blackwell n’est pas simplement un Sky Saxon 2.0 : “(Am I Just) Wasting My Time” ou “Footprints” (l’un des sommets) le voient jouer au crooner avec une candeur renversant­e. Bref, se déprenant d’une obsession trop exclusive pour Roky Erickson, les Night Beats gagnent en brillant ce qu’ils perdent en puissance émeutière. Choix courageux : sans convaincre complèteme­nt, le groupe vient de produire son “Soft Parade” à lui. ✪✪✪ 1/2 VIANNEY G.

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