Rock & Folk

Eerie Wanda

“Pet Town” JOYFULNOIS­E/DIFFER-ANT

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Débuter une carrière en

reprenant Sanford Clark (“Still As The Night”) n’est pas un mauvais premier pas. Derrière un blase qui défie l’exégèse, L’Inquiétant­eWanda s’avère en fait être le véhicule quasi solo de l’Hollando-Croate Marina Tadic, secondée par deux membres du groupe de Jacco Gardner. Eerie Wanda, qui a également ouvert pour les Allah-Las, est cependant assez éloignée du psychédéli­sme étincelant du lutin d’Amsterdam. Tadic, cou d’oiseau et grands yeux à la Calista Flockhart, pratique un art plus discret : “Hum”, son LP de 2016, présentait quelques charmantes aquarelles lysergique­s (“Volcano Lagoon”, “The Boy”, le beau refrain de “Mirage”), lumineuses sans niaiserie. “Pet Town” s’éloigne quelque peu du psychédéli­sme léger de son premier effort, affirmant une pop inventive et simple comme un jeu d’enfant, d’où émerge un bestiaire coloré (“Big Blue Bird”). Marina Tadic, c’est un peu la Cy Twombly de la pop psyché : même économie de traits, même penchant pour la ligne claire, l’évocation et le mystère. Tout n’est pas au niveau de la fragile réussite de “Rockabille­r” (meilleure chanson de l’album) et son entêtante ritournell­e en zigzags, mais évite avec agilité l’écueil du mignon. Cette musique de chambre (d’écolier ou d’adolescent) gagne paradoxale­ment à être découverte sur scène, tant la pop de Tadic est inséparabl­e d’une présence. Orson Welles disait que “n’importeque­lle oeuvre est bonne dans la mesure où elle exprime l’ homme qui l’ a créée ”: Marina Tadic, elle, a le chant de son regard, interrogat­eur et porté à la rêverie ; lorsqu’elle écrit “Moon”, on peut lui faire confiance pour savoir de quoi elle parle. De quoi apporter un peu de Californie dans le froid de l’hiver rhénan. ✪✪✪ VIANNEY G.

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