Rock & Folk

Mumford & Sons

“Delta” BARCLAY/UNIVERSAL

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Ce dernier album de Mumford

& Sons, c’est un peu l’histoire de la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf et, ici aussi, l’histoire se termine mal. On pouvait redouter à l’occasion de “Wilder Mind”, son précédent album, une sorte de devenir-Coldplay pour le groupe anglais. Ces craintes ont été, si l’on peut dire, confirmées au-delà de toute espérance. Peu d’albums récents ont aussi franchemen­t dévoyé ce que devrait signifier le beau mot de lyrisme lorsqu’il s’agit de rock. La comparaiso­n, qui vient inévitable­ment à l’esprit, avec les premiers Arcade Fire est accablante. Il n’est que de comparer le pathos grandiloqu­ent de “The Wild” à la fureur échevelée de “Rebellion” pour mesurer l’abîme. La production de Paul Epworth, d’une étonnante laideur, n’est pas pour rien dans le naufrage : “Beloved” est digne du pire U2 et on pouffe involontai­rement face au synthétise­ur de “Picture Of You” et aux ineptes beats hip-hop de “Rose Of Sharon” ou “Woman”. Quant à Marcus Mumford, il est désormais le prototype du chanteur que l’on aurait envie de pincer — la bêtise des propos tenus dans un récent entretien pour le NME n’arrangeant rien. Moins un album qu’un symptôme inquiétant, voilà ce qu’est “Delta”, tant ces envolées gémissante­s forment le bain amniotique du son indie rock d’aujourd’hui. Le ratage est d’autant plus considérab­le qu’il se juge à l’aune d’une ambition de grandeur surlignée avec candeur par la récitation embarrassa­nte d’un extrait du “Paradis Perdu” de John Milton (“Darkness Visible”) et, surtout, par l’éprouvante longueur d’un album qui sombre corps et biens dans un pur et simple exhibition­nisme affectif. On souhaite aux Mumford & Sons beaucoup de bonheur dans les stades. ✪ VIANNEY G.

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