Rock & Folk

Michael Chapman

“True North” PARADISEOF­BACHELORS/DIFFER-ANT

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Les années 1970 n’ont pas fini de nous hanter, comme un remords et un regret. Michael Chapman, vétéran anglais du revival folk du siècle dernier, fait partie de cette longue liste de songwriter­s essentiels, réhabilité­s par le précieux label Light In The Attic (Sixto Rodriguez, Karen Dalton, David Kauffman et Eric Caboor, Jim Ford...). Ressortire­nt ainsi aux débuts de la décennie ces quatre premiers albums (publiés chez Harvest) “Rainmaker” (sans doute son chef-d’oeuvre), “Fully Qualified Survivor”, “Wrecked Again”, et “Window”. A défaut de succès public, Michael Chapman s’est attiré de longue date une flatteuse réputation auprès de David Bowie, John Peel ou Thurston Moore. Ce virtuose de la guitare acoustique, souvent comparé à Bert Jansch, signait il y a deux ans un retour remarqué avec “50”. Son style, ample folk rock orchestré, pourtant si caractéris­tique du tournant des années 1970, supporte avec endurance le cours du temps. Les deux duos avec Bridget St John que contient son dernier opus participen­t de cette impression de capsule temporelle ; c’est un peu comme les poilus : le dernier à partir emportera avec lui un pan de monde. Avec “True North”, il fait plus et mieux que se rappeler à notre bon souvenir ; les instrument­aux, “Caddo Lake”, et surtout “Eleuthera”, brillammen­t servi par la pedal steel de BJ Cole, font valoir son sens intact du paysage sonore. Mais l’album vaut d’abord et surtout pour son titre d’ouverture, “It’s Too Late” dans lequel Chapman grommelle avec une rare intensité, mélange suffocant de rage froide et d’un certain sens du mystique. Sa future venue à Paris — on n’ose imaginer qu’il n’y en ait une — promet d’être une messe absolue. ✪✪✪ 1/2 VIANNEY G.

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