Le Villejuif Underground
“When Will The Flies In Deauville Drop ?” BORNBAD
Un coup de turbo pour passer à la vitesse supérieure, lorsque se profile la vieillesse — devenir trentenaire. Nathan Roche, australien et compositeur, enregistre depuis douze ans — le nom de cet incontinent apparaît sur une vingtaine d’albums, en solo ou avec Marf Loth, Camperdown & Out, Redneck Discotheque, The Revisionists, Disgusting People, Laverie Nuns, The Skeleton Horse, CIA Débutante, etc. C’est aujourd’hui, avec Le Villejuif Underground, avec Karakos (fils de Jean), Beltran et Schlaefflin, que ça décolle. Leur premier album les voyait vadrouiller sur les traces de Lou Reed — essai plein de panache, même si les Franco-Australiens se montraient, par rapport à un autre enfant du Velvet Underground comme The Clean, en dessous niveau mélodies. Pour ce nouvel album, Roche a laissé plus de place à ses colocataires, plus de place aux trouvailles côté instrumentation, arrangements, production, son. La plupart des membres écoutent du hip-hop, et ça s’entend, au loin, en sourdine dans le garage du cabanon. Quand la guitare et le clavier entrent en copulation avec la rythmique, c’est comme si Pavement ou Silver Jews gobaient du Sleaford Mods, comme si la Fat White Family recrachait le “Loser” de Beck, les Limiñanas se faisaient tirer la barbichette par Happy Mondays, Armand Schaubroeck botoxer par Calvin Johnson... Il y avait un décalage entre les velléités d’extravagance du groupe et sa musique, assez conventionnelle sous son emballage d’arsouilles branleurs. Toutes les chansons de “When Will The Flies In Deauville Drop?” bénéficient d’idées tordues et ingénieuses. Villejuif est désormais sur la carte. ✪✪✪✪ BENOIT SABATIER