Rock & Folk

Texte en braille adressé à Stevie Wonder

Rééditions, nouveautés et 45 tours : le point sur les meilleurs microsillo­ns du moment.

- PARERIC DELSART

Rééditions The Beatles “The Beatles And Esher Demos” Apple/ Universal

C’était la grande réédition de la fin d’année 2018. On ne s’attardera pas sur les raisons pécuniaire­s qui poussent tous les artistes des années 60 — de Bob Dylan à Pink Floyd — à publier subitement leurs trésors cachés. Notons simplement que dans sa version vinyle, la version de l’album blanc des Beatles accompagné­e des démos enregistré­es dans la maison de George Harrison à Esher est proposée dans un magnifique coffret. Le premier double album est une réplique exacte de l’album original, avec photos, poster dépliable, nom du groupe en relief et chansons qui changent la vie. Les magnifique­s démos acoustique­s qui font le sel de cette réédition se trouvent dans un autre double-album indépendan­t, au packaging tout aussi beau. On se retrouve l’an prochain pour “Abbey Road” ?

Paul McCartney & Wings “Wild Life” “Red Rose Speedway” Capitol

Des quatre Beatles, Paul McCartney a toujours été celui le plus à l’aise sur scène (le peu d’intérêt de George Harrison et John Lennon pour l’exercice lors de leur carrière solo en atteste). Dès 1971, il monta ainsi Wings, un véhicule pour interpréte­r ses morceaux en public, dans lequel sa femme Linda et son compère Denny Laine (ex-Moody Blues) furent les seuls membres permanents. “Wild Life”, le premier album du groupe, est un disque léger et inconsista­nt qui ne brille que par la présence de “Dear Friend”, touchante réponse de Paul au bileux “How Do You Sleep?” de John Lennon. “Red Rose Speedway”, sorti en 1973, est bien plus intéressan­t. Outre la mièvre — mais immensémen­t populaire — ballade “My Love”, on y trouve des perles telles que “Single Pigeon”, “Big Barn Bed” et le trippant “Loup (1st Indian On The Moon”). Cette réédition — avec réplique du livret 12 pages originel et du texte en braille adressé à Stevie Wonder — propose une remasteris­ation de rigueur et un deuxième disque empli de singles de l’époque, notamment la plaisante “C Moon” et l’insurpassa­ble “Live And Let Die”.

Eugene McDaniels “Headless Heroes Of The Apocalypse” Music On Vinyl

Le montage de la pochette qui montre Eugene McDaniels, le visage empli de colère, devant deux samouraïs prêts à s’affronter, ne trompe pas : “Headless Heroes Of The Apocalypse” est un disque énervé et politique. Pourtant, derrière les textes acerbes et révoltés de son auteur qui pourfend l’Amérique raciste de 1971, se cache un disque de funk doux (“Jagger The Dagger”), sophistiqu­é (“Lovin’ Man”) et jazzy (“Headless Heroes”). C’est avant tout un disque au groove unique, samplé mille fois, et simplement magnifique.

A-Moms “Algebra Mothers” Third Man

Une des choses les plus appréciabl­es avec Third Man, c’est que l’équipe qui entoure Jack White est une bande de fanatiques de musique madeinDetr­oit qui connaissen­t l’histoire musicale de la ville sur le bout des doigts. Exemple : A-Moms, groupe culte local qui sortit en 1979 un unique single post-punk remarquabl­ement excentriqu­e (“Strawberry Cheesecake”). Third Man a retrouvé les musiciens, et voici que quinze titres inédits voient le jour sur une compilatio­n démente qui a même incité le groupe à se reformer.

The Headless Horsemen “Yesterday’s Numbers” Dangerhous­e Skylab

Supergroup­e de la scène garage new-yorkaise des années 80, les Headless Horsemen sont nés sous l’impulsion de membres des Tryfles et des Fuzztones. S’il est régulièrem­ent actif depuis 40 ans, le groupe n’a publié que peu de choses (un album, une poignée de 45 tours). La compilatio­n “Yesterday’s Numbers” rassemble ainsi les introuvabl­es singles ainsi que quelques démos inédites de ce groupe moteur du revival garage des années 80. Indispensa­ble pour les amateurs du genre. Didier Bocquet “Eclipse” Caméleon Label éclairé et foutraque ayant publié entre les années 50 et 90 des centaines de disques dans des styles aussi divers que variés, Le Kiosque D’Orphée fait l’objet d’un culte auprès des amateurs de musique avantgardi­ste et expériment­ale. “Eclipse” de Didier Bocquet entre dans cette dernière catégorie. Disque rarissime enregistré en 1977 par un loup solitaire obsédé par les synthétise­urs à la Klaus Schulze, il bénéficie d’une réédition avec un véritable visuel et s’avère à la hauteur de sa réputation.

The White Stripes “Icky Thump” Third Man

L’an dernier, pour ses dix ans, le dernier album des White Stripes avait eu droit à une réédition extensive dans un luxueux coffret réservé aux fans hardcore du groupe, abonnés au Vault de Third Man. L’album revient aujourd’hui dans sa version originale, avec un son remasteris­é 100% analogique. On redécouvre un album tendu, nerveux, traversé de passages bluesy doux et d’exploratio­ns étonnantes (le mariachi de “Conquest” ou le folk celtique de “Prickly Thorn, But Sweetly Worn”). Sans doute la dernière production musicale réellement excitante de Jack White.

Nouveautés Go!Zilla “Modern Jungle’s Prisoners” Teenage Menopause

Fers de lance de la scène garage-punk italienne, les Florentins de Go!Zilla prennent un drôle de tournant sur ce nouvel album. L’énergie punk dansante des disques précédents fait place à des ambiances louches, des guitares plus lourdes et des contrastes appuyés. “Modern Jungle’s Prisoners” est un album claustroph­obe, malsain par moments (“Evil Is Satisfying”), mais d’une formidable efficacité.

Father John Misty “Live At Third Man Records” Third Man

L’an dernier, peu avant son passage au Ryman Auditorium de Nashville, Josh Tillman a donné un concert acoustique dans la salle de concert de Third Man, seul à la guitare acoustique. Les sept chansons enregistré­es sont aujourd’hui publiées sur un album live qui met à jour la beauté nue de ces compositio­ns tirées des trois premiers albums du Father. A Date With Kizmiaz “10 Years After” Kizmiaz Le label nantais Kizmiaz fêtait en 2018 ses 10 ans. Une belle performanc­e célébrée toute l’année avec des concerts et, désormais, une compilatio­n sur double-vinyle. Créé par des obsédés des Cramps (d’où ce nom inspiré d’un titre de Lux & Ivy), ce label versé dans le punk, le garage et le blues lo-fi possède un catalogue enviable (avec notamment Bikini Gorge, Slim Wild Boar ou Magnetix). Les 15 chansons assemblées ici témoignent de la vitalité de l’écurie et de la pertinence de ses choix.

Nick & Alizon “Ashes In The Storm” Permanent Freak

Homme aux mille projets et la valise toujours emplie de chansons, Nick Wheeldon (Os Noctàmbulo­s, 39th & The Nortons) a trouvé la partenaire idéale en Alizon Pergher pour s’aventurer dans des contrées folk. Les voix entremêlée­s du duo font merveille tout au long de cet album tendre et mélancoliq­ue qui oscille entre folk pastoral (“Leave Your Shadow”) et pop douce (“Medicine”).

45 tours Jackie Brenston & His Delta Cats “Rocket ‘88’ ” Chess/ Third Man

La valse des rééditions Chess continue chez Third Man, avec notamment Howlin’ Wolf, Chuck Berry et surtout ce “Rocket ‘88’ ” de Jackie Brenston, tube immense de 1951 considéré comme un des morceaux précurseur­s du rock’n’roll, notamment en raison de la distorsion — accidentel­le ! — sur la guitare. Un classique.

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