Un trio qui compte quatre musiciens
Nécessitant des infrastructures et des moyens beaucoup plus légers que les maisons de disques, les autoproductions s’illustrent par une souplesse qui leur garantit une grande liberté créatrice.
Les trois Parisiens de Frenzy Frenzy ont oeuvré plusieurs années au sein d’un autre groupe (The Ludes) avant de se consacrer à ce nouveau projet en 2017. Leurs influences se réclament aussi bien d’un rock pugnace que d’un groove funky, et leur premier essai se revendique comme heavypop, ce qui correspond bien à leur volonté de naviguer entre les genres en associant éclats énergiques et préciosités vocales ou instrumentales. Mais cette étiquette réductrice ne prend pas en compte leur côté ludique et dansant (“JustAnother”, facebook.com/frenzyfrenzymusic).
Avec le second album de Raoul Vignal, on est de plain-pied dans l’éloge de la douceur. En activité depuis 2010, ce Lyonnais a été repéré l’an dernier à l’occasion de son premier album. Ce nouvel essai en anglais confirme la qualité de son univers évanescent : seul avec les arpèges de sa guitare, ou accompagné de quelques musiciens qui interviennent avec une discrétion respectueuse de sa démarche intimiste, il susurre de sa voix douce un folk aérien et mélancolique qui s’impose subrepticement (“OakLeaf”,Talitres, talitres.com/fr/artistes/raoul-vignal).
Il a fallu douze ans de pérégrinations musicales à Rivières pour exister sous sa forme actuelle : à l’origine, un trio de Seine-et-Marne, Ladylike Dragon, enregistre deux disques avant de cesser son activité puis d’opter pour une formule à cinq et un nouveau nom. Ce changement correspond aussi à une évolution stylistique perceptible dans ce nouvel album : les influences garage appartiennent désormais au passé et ont fait place à de délicates sonorités folk et pop, aux orchestrations soignées (“AFieldOfJoy”,NiceAndRough Records,difymusic.com/rivieres).
Noirc’estnoir, pour le duo havrais Grand Final, fondé en 2007 par deux membres d’un groupe local énervé longtemps en activité (Dickybird). Le second album, en anglais, de ce batteur et de cette chanteuse-guitariste annonce la couleur avec un titre mortifère, des morceaux aussi gais que “Cancer” ou “I Hate Family” et cultive les atmosphères lourdes, sombres et oppressantes en s’immergeant dans un rock noisy acéré et convulsif qui impressionne par sa force sauvage et sa puissance évocatrice (“LaMort”,Libérées, facebook.com/GrandFinalLeHavre).