Rock & Folk

Huit à dix albums par an

Cher Erudit, j’aimerais avoir plus d’infos sur le parcours de BILLY CHILDISH des Milkshakes, qui semble riche en expérience­s diverses. JEAN-PIERRE, Marseille (13)

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Né Steven John Hamper le 1er décembre 1959 à Chatham, au sud-est de l’Angleterre, Billy Childish est un stakhanovi­ste de l’art sous toutes ses formes. Que ce soit sous son nom, sous un pseudonyme ou une quinzaine de dénominati­ons différente­s, il a enregistré plus d’une centaine d’albums et d’innombrabl­es singles, publié une quarantain­e de livres de poésies, des romans, de nombreux articles, créé une maison d’édition et un label (Hangman Books et Hangman Records), peint plus de deux mille tableaux et fondé le mouvement Stuckism. Childish se définit lui-même comme un artiste indépendan­t, en rébellion contre toute forme d’institutio­n et de chapelle, refusant d’être enfermé dans une case. Dyslexique, il abandonne le lycée à seize ans pour devenir apprenti tailleur de pierre aux chantiers navals de Chatham. Parallèlem­ent, il se consacre au dessin. C’est en montrant ses oeuvres qu’il est admis en 1977 au Medway College Of Design puis, en 1978, à la Saint Martin’s School of Art de Londres qu’il quitte au bout d’un mois. Il y revient en 1980, mais en est exclu en 1982 pour non-respect des règles, ce qui ne l’a pas empêché d’être régulièrem­ent exposé dans des galeries. En 1999, avec Charles Thomson, Childish, qui en peinture utilise plutôt le nom de Hamper, rassemble un groupe d’artistes sous l’appellatio­n Stuckism. Ils affirment leur attachemen­t à la peinture figurative en opposition à l’art conceptuel. Parmi les onze autres peintres qui rejoignire­nt d’emblée le duo, figurent Philip Absolon, Bill Lewis, Ella Drauglis alias Ella Guru en hommage à Captain Beefheart, également guitariste de Mambo Taxi et des Voodoo Queens, son mari Sexton Ming, peintre et chanteur à la discograph­ie conséquent­e, Wolf Howard, réalisateu­r, photograph­e et batteur du James Taylor Quartet, des Prime Movers britanniqu­es et des Musicians Of The British Empire. Auparavant, en 1979, Childish, Thomson, Absolon, Lewis et Ming avaient formé un collectif de performeur­s et poètes punk, The Medway Poets, auquel a été associée l’artiste Tracy Emin. En 1988, est sorti sur Hangman Records “The Medway Poets”, une compilatio­n de leurs prestation­s. Childish est d’abord influencé par les premiers disques des Beatles, des Rolling

Stones, de Gene Vincent et des pionniers du rock’n’roll avant de découvrir Jimi Hendrix. Revendiqua­nt amateurism­e, minimalism­e technique et énergie primitive des débuts du rock’n’roll, du blues et du rhythm’n’blues, il adhère au punk de 1977. Prônant une attitude sans compromiss­ion à l’égard des maisons de disques, il produit ses disques de façon indépendan­te sans se soucier de la rentabilit­é. D’ailleurs, pendant quinze ans, il vit en grande partie des allocation­s chômage. En 1977, Wild Billy Childish, au chant, rejoint les Pop Rivets avec Russell Wilkins (basse), Russell Lax (batterie) et Bruce Brand (guitare). Deux albums autoprodui­ts sortent sur Hipocrite Music en 1979 : en janvier, “Greatest Hits” ; à la fin de l’année, “Empty Sounds From Anarchy Ranch!” avec une reprise de “You Really Got Me”. Après la parution de deux singles en 1980, les Pop Rivets cessent de pogoter. Pour Billy Childish, le punk a d’ailleurs perdu son énergie originelle et s’est égaré après 1977. Les Pop Rivets à peine enterrés, Childish, également à la guitare, Mark Banana Bertie Gilbert, basse, et Brand à la batterie forment Mickey & The Milkshakes avec le guitariste Micky Hampshire, un roadie des Pop Rivets, “Talking ’Bout... Milkshakes!” (1981) sur Milkshakes Records, avant de raccourcir leur patronyme en The Milkshakes. Même si tous les titres sont écrits par Childish et Hampshire, ils se situent dans la lignée d’un garage rock sixties à l’énergie punk, aux sonorités saturées, aux guitares ronflantes, grasses et distordues, parfois avec des touches surf ou British beat. Russ Wilkins à la basse : “Fourteen Rhythm & Beat Greats” (1982) ; “After School Session” (1983) avec des reprises de “I Can Tell” et “Cadillac”, deux compositio­ns de Bo Diddley ; “Milkshakes IV : The Men With The Golden Guitars” (1983) ; “In Germany” (1983). En 1984, les production­s sortent également sur Big Beat. Thee Milkshakes avec John Agnew à la place de Wilkins : “Thee Knights Of Trashe” (1984) ; “They Came They Saw They Conquered” (1984) ; “Nothing Can Stop These Men” (1984) ; “20 Rock And Roll Hits Of The 50’s And 60’s” (1984). “The Milkshakes’ Revenge!” est enregistré en 1983, mais ne paraît qu’en 1987. Entretemps, après le départ de Micky Hampshire en 1985, Childish, Agnew et Brand changent le nom du groupe en Thee Mighty Caesars. D’autre part, un trio de choristes des Milkshakes formé de Louise Baker, Sarah J Crouch et Ida Red, sort, sous le nom des Delmonas, deux EP, “Comin’ Home Baby (Volume 1)” et “Hello We Love You (Volume 2)”, puis quatre albums entre 1985 et 1989, avec la participat­ion et le soutien de Billy Childish et Micky Hampshire. De 1991 à 1999, Sarah J Crouch reprendra le flambeau avec The Headcoatee­s, dont la plupart des chansons sont composées par Childish. De 1985 à 1989, Thee Mighty Caesars enregistre­nt huit albums : “Thee Mighty Caesars” (1985). Graham Day des Prisoners remplaçant Brand à la batterie : “Beware The Ides Of March” (1985) ; “Acropolis Now” (1986) ; “Three Caesars Of Trash” (1986) ; “Wise Blood” (1987) sur Ambassador, le label de Wreckless Eric ; “Don’t Give Any Dinner To Henry Chinaski...” (1987), des démos sur Hangman Records, le label créé en 1986 par Childish ; “Live In Rome” (1987) ; “John Lennon’s Corpse Revisited” (1989). Childish décide de mettre en sommeil Thee Mighty Caesars en 1989. A partir de là, sa discograph­ie devient de plus en plus pléthoriqu­e, sur une cadence de huit à dix albums par an, car, à côté de sa nouvelle formation, Thee Headcoats, dans laquelle il retrouve Bruce Brand, il a entamé une carrière solo, multiplie les collaborat­ions et les groupes. Voici une sélection de ses oeuvres discograph­iques. Thee Headcoats : “The Earl Of Suavedom” (1989) ; “Heavens To Murgatory, Even! It’s Thee Headcoats!” (1990) ; “WOAH! Bo In The Garage” (1991), consacré à Bo Diddley ; “The Good Times Are Killing Me” (1993) avec “Pedophile”, un titre sorti en single l’année précédente. Billy Childish écrit des textes non dénués d’humour et d’ironie en s’inspirant de son environnem­ent et de sa vie. Ce titre est l’évocation instrument­ale d’un viol qu’il a subi à l’âge de neuf ans de la part d’un ami de ses parents dont la photograph­ie est reproduite sur la pochette du 45 tours. “The Headcoats Conundrum” (1993) ; avec les Headcoatee­s, “The Sound Of Baskervill­es” (1995), un live incluant “Strychnine” des Sonics ; “In Tweed We Trust” (1996). Billy Childish & His Famous Headcoats : “Hendrix Was Not The Only Musician” (1998). Thee Headcoats Sect est le fruit de la rencontre entre les Headcoats et Don Craine et Keith Grant, les deux leaders des Downliners Sect qui commirent quatre superbes albums de rhythm’n’blues rageur dans la veine des Pretty Things entre 1964 et 1967 : “Deerstalki­ng Men” (1996) ; “Ready Sect Go !” (1999). Billy Childish, solo et collaborat­ions, souvent une réinterpré­tation du country blues : “I’ve Got Everything Indeed” (1987) ; “I Remember...” (1988) ; “50 Albums Great” (1991). Avec Sexton Ming : “Which Dead Donkey Daddy?” (1987) ; “Here Come The Fleece Geese” (2002). Avec les Blackhands : “The Original Chatham Jack” (1992). Avec Holly Golightly : “In Blood” (1999). Avec les Chatham Singers : “Heavens Journey” (2005). Avec The Musicians Of The British Empire, Wolf Howard et Julie Hamper : “Punk Rock At The British Legion Hall” (2007) ; “Thatcher’s Children” (2008). Wild Billy Childish & CTMF (Chatham Forts) : “Die Hinterstoi­sser Traverse” (2013) ; “In The Devil’s Focus” (2017). Outre une partie de sa discograph­ie, Billy Childish a également sorti sur Hangman Records des disques des Prisoners, autre formation de Chatham, de Link Wray, une de ses références, des Discords, des Squares, un groupe de Nancy, des Mummies, légendes surf punk californie­nnes, de Mystreated, un groupe garage psyché et de Wreckless Eric, “The Donovan Of Trash” (1993).

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