Dessinateur vegan
Emilie Plateau est une jeune dessinatrice qui sait appeler un chat par son prénom. Ainsi, son style épuré et entièrement centré sur l’action était parfait pour mettre en petites cases “Noire — La Vie Méconnue De Claudette Colvin” (Dargaud), une BD documentaire réalisée à partir du livre de Tania de Montaigne publié par Grasset dans le cadre d’une série consacrée aux femmes ayant fait l’histoire mais que cette dernière n’a pas retenue. L’affaire commence en 1955, Claudette a 15 ans et vit à Montgomery, en Alabama. Un jour, dans un bus, elle refuse de céder sa place à une personne blanche. Face à un tel acte d’insubordination, elle est jetée en prison. En clamant son innocence, Claudette vient de bouleverser l’ordre des choses dans la lutte pour les droits civiques. Après le récent mouvement Black Lives Matter, cette histoire forte sur une héroïne injustement oubliée sera la piqûre de rappel obligatoire face aux sempiternels retours des racistes de tout poil.
Aux amateurs de sagas américaines, ce “Agata — Tome 1 : Le Syndicat Du Crime” (Glénat) réalisé par Olivier Berlion est recommandé. A travers l’histoire d’une jeune immigrée polonaise de dix-neuf ans, l’auteur reconstitue avec minutie le Chicago de Lucky Luciano dans une histoire où les rêves les plus fous ont toutes les chances de se réaliser avant de se terminer en drame. Avant de débarquer à Ellis Island, point de départ obligé pour toute nouvelle vie en Amérique, Agata a dû fuir la police polonaise venue l’arrêter pour avoir avorté. Après des retrouvailles avec son oncle, elle fait la connaissance de Pete, son neveu, qui ne se sépare jamais de son banjo. C’est le début d’une fresque incroyable où seules les personnes les plus aguerries survivront, le tout en pleine naissance du swing. Album ambitieux, ce premier tome démarre fort en offrant une belle palette de personnages attachants et crédibles. A suivre.
Joost Swarte ne respecte aucune convention depuis qu’il a créé la ligne claire en même temps qu’il participait activement à l’explosion punk de 1977 depuis sa planche à dessins. En 1982, le dessinateur néerlandais lance la série “Passi, Messa !” qui répond à un concept humoristique simple : un gag composé de deux dessins qui se répondent de la manière la plus surréaliste possible : le Passi et le Messa. Si le premier expose un problème, le deuxième y apporte une solution qui n’est pas forcément celle qui viendrait spontanément à un esprit sensé. Ainsi, afin de venir en aide aux photographes de presse qui peuvent, quelquefois, rater une photo, l’auteur propose une solution géniale, quoique risquée, pour convaincre le rédacteur en chef de publier en priorité ses clichés. Initialement parue chez Futuropolis entre 1982 et 1989, la série est ici intégralement republiée par Dargaud, avec son mythique cinquième volume, jusqu’alors inédit en France.
Avec “Le Blues De Sluggy — La Salsa Du Ver De Terre” (Solo Moon), le dessinateur vegan Etienne M propose de faire partager ses rêves d’un monde sans viande sur un fond musical tirant vers un blues façon Nino Ferrer. Au fil des pages, Etienne M plaide pour un monde où les humains et les animaux seraient égaux, tout en vivant dans la nature loin des villes et de la pollution. Même si le concept a été longtemps popularisé par les hippies du siècle dernier, cette BD innove avec des recettes culinaires nettement plus appétissantes que les bassines de riz complet qui étaient de mise à l’époque de Woodstock et de la contestation contre la guerre du Vietnam.