Rock & Folk

ROCK ’ N’ROLL FLASH BACK

- PAR CHRISTIAN CASONI

FEVRIER 1989 R&F 260

Leurs faire-valoir (Mötley Crüe ou Poison) sont cons, Guns N’Roses est fou. Ils imitent Aerosmith pour imiter Aerosmith, GN’R cherche les Stones derrière Aerosmith, voire Muddy Waters et réactive deux principes fondateurs du rock : la mégalomani­e des intros et la ballade. Le triple concert de Leicester (Derek B, Public Enemy, Run-DMC) donne à Rock&Folk l’occasion d’appareille­r pour “laplanèteR­ap”. Le NME voit Public Enemy comme le grand groupe de rock’n’roll du moment, certains le comparent au Clash. Chuck D : “Les Noirs nous comparent à Coltrane. Tout le concept du rock’n’roll semble bien maigrelet” à côté du rap. Rita Mitsouko a senti le glam revenir dès 1986, recruté Tony Visconti, “tiré les dernières gouttes des Sparks et habillé le bébé glitter dans une défroque adaptée à la fausse ouverture d’esprit du grand public français.”

FEVRIER 1969 R&F 025

Numéro historique ! Pour l’événement, mais surtout pour la photo de Jean-Pierre Leloir, tirée en poster pendant 30 ans dans toutes les carteries des rues

piétonnes. Après “2 mois, plusieurs lettres, 36 coups de téléphone, 2 rendez-vous manqués”, François-René Cristiani réunit enfin dans un salon bourgeois Georges Brassens, Jacques Brel et Léo Ferré.

Brel : “Le disque est un sous-produit de la chanson. J’ai l’impression de pondre des oeufs.” Ferré : “Chaque fois que je croise une putain dans la rue, elle ne me fait jamais l’article. C’est parce que je fais le même métier qu’elle, je vends quelque chose de mon corps.” Brassens : “Puf puf puf” (bruit de pipe). A un moment, Ferré leur fait le coup des vieilles canailles : une tournée à trois dans les dix plus grandes salles de France. Brel fait semblant d’être emballé. Brassens : “Puf puf puf”.

FEVRIER 1999 R&F 378

L’emboutissa­ge des rédac’chefs fait fureur aux States. Foxy Brown cabosse celui de Vibe, les nervis de Marilyn Manson celui de Spin, ceux de Puff Daddy celui de Blaze, une rédaction où Wyclef (Fugees) vient défouraill­er, Masta Killa (Wu-Tang Clan) se paye une plume de Rap Pages. Rock&Folk fait de l’huile et se met au vert chez les troubadour­s, dans un numéro qui ressemble fort à un hors-série spécial folk. “D’où vient

il ? Où va-t-il ?” Les rois (Bob Dylan, Neil Young, Elliott Murphy), les reines (Joan Baez, Emmylou Harris), les princes (Rufus Wainwright, Vic Chesnutt), les cousins (Nick Drake, Donovan, Pentangle), un moine scolastiqu­e (Greil Marcus), et cette question lancinante : les punks sont-ils les héritiers des folkeux ? Quelle que soit la génération, tout le monde baise la pantoufle de Dylan, le plus rapide et le plus courageux d’entre eux.

FEVRIER 1979 R&F 145

George Clinton fait de l’optimisati­on discograph­ique, change le nom de son groupe une fois par jour et signe avec dix labels d’un coup : “Sur les contrats, seul figure le nom du groupe. Le personnel ? C’est mes oignons. Crac, ils signent. Funkadelic est en train de se casser la gueule, [mais] le nouveau Parliament vient

d’être certifié disque de platine.” Les Doors promeuvent “American Prayer”, le nouvel album d’un chanteur mort depuis 7 ans. L’article sur Jim Morrison est composé en blanc et imprimé sur des pages anthracite couvertes de graffitis blancs, une course à la migraine où même les fans ne se risquent pas. “Je hais l’Amérique, mais tu ne comprends pas que je hais aussi l’Angleterre et la France ? Je hais le monde entier, je me hais moi-même, je ne voudrais être que de la merde.” John Lydon a changé de musiciens mais pas de dealer.

FEVRIER 2009 R&F 498

“Titanesque, monstrueux, mégalithiq­ue” : Guns N’Roses, réduit à Axl Rose et Dizzy Reed, sort “Chinese Democracy” après 14 ans de caisson. Jesse Hugues d’Eagles Of Death Metal : “Il tente de faire passer son album solo pour un disque de Guns N’Roses”. Axl Rose renvoie Jesse Hugues à ses

“Pigeons Of Shit Metal”. Dave Grohl rappelle que se faire étriller par Axl Rose, c’est se faire “anoblir par la reine d’Angleterre”. Jesse Hugues : “La prochaine fois que je le croiserai, il me tombera dans les bras avant de me demander un autographe”. Cette comédie du rock colle bien à l’équilibre que Didier Wampas essaie de tenir entre “se croire le meilleur du monde et savoir que c’est faux”. Symboles sexuels de 2008 : les lecteurs et lectrices se sont exorbité les globes sur Amy Winehouse et Pete Doherty. Hommage à Bettie Page, nécro pour Ron Asheton.

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