Rock & Folk

ROCK’N’ROLL FLASHBACK

Ça ne s’invente pas

- PAR CHRISTIAN CASONI

NOVEMBRE 1989 R&F 268

Avant d’attaquer le film “Great Balls Of Fire”,

le réalisateu­r Jimmy McBride s’est interrogé sur l’essence du son Sun : “C’était aussi un climatiseu­r qui fonctionna­it en permanence et produisait un son métallique”.

T-Bone Burnett a produit les chansons réenregist­rées par Jerry Lee Lewis, qui lui a fait renifler le canon de son flingue. C’est son habitude avant de sceller une amitié. Ensuite, McBride s’est épuisé à couper les ponts entre le Killer et l’acteur Dennis Quaid, pour éviter qu’il ne devienne “aussi furieuseme­nt aigri” que son modèle. Le film raconte “l’histoire d’un homme qui n’apprend jamais rien, qui refait toujours les mêmes erreurs”. Mick Jones ? Joe Strummer ? “L’après-Clash est flatteur pour Mick, cruel pour Joe.” Mick subjugue la critique avec BAD. Joe sort “Earthquake Weather”, un album “qui n’a de sismique que le nom”.

NOVEMBRE 1969 R&F 034

Plaidoirie en forme d’édito pour “Abbey Road”, que les fans de Cream trouvent trop charmant et trop léché. Il est encore question des Beatles dans une dissertati­on de 7 pages sur l’évolution du mouvement hippie.

“Le hippie est redevenu ce consommate­ur servile dont a tant besoin l’Amérique”. La bride a été posée par le Maharishi, “caution Beatles”, qui a dépolitisé la révolution, par “Hair”, par l’anticonfor­misme inoffensif de Yoko et John qui “sert admirablem­ent les desseins du système”, et par les Beach Boys “reconverti­s au christiani­sme grâce à l’acide”. L’interview de Brassens nous enseigne que l’homme ne fracasse pas sa guitare sur la contrebass­e, qu’il préfère bourrer une pipe que se vider un saladier de cristaux dans les narines, cochonner une groupie avec un requin empaillé, ou détruire sa chambrette à l’hôtel du Cerf Couronné.

NOVEMBRE 1999 R&F 387

Rock&Folk a inventé le mouvement perpétuel : Beatles, Stones, Bowie.

En novembre 1999, il fallait jouer Duc Blanc pour gagner. Tout sur ZZ Top. “La Grange” était un bobinard centenaire qui a fermé, trois mois après la sortie de “Tres Hombres”. Subjugués par Devo, les deux buissons et leur ectoplasme font donner les machines et deviennent, sur MTV, la seule et unique réponse virile à Madonna et à Michael Jackson. Salman Rushdie écoute du rock depuis le jour où, tout gamin, il avait acheté le 45 tours “Heartbreak Hotel” à Bombay. “Les Versets Sataniques” auraient d’ailleurs quelque chose à voir avec “Sympathy”. “Il n’y a rien de plus vulgaire que la pop de Bombay. Les pires excès de Queen ne s’en approchent même pas.” Mercury est modelé par les films de Bollywood. “Les gens achètent leurs disques pour vérifier à quel point c’est mauvais.”

NOVEMBRE 1979 R&F 154

Croyant faire plaisir, Russell Mael assimile Bijou à The Knack ! Les Sparks produisent le troisième album du trio. Dynamite aurait préféré Nick Lowe : “Je suis sûr que le disque se vendra plus que les autres, mais je ne suis pas fan de leurs arrangemen­ts. Tu peux faire un hit avec un disque de rock, pas besoin de taper dans le disco. J’écoute jamais les Sparks, ça me fait chier.”

Les disquaires américains ne sont plus remboursés de leurs invendus qu’à 20 %. Ce plafonneme­nt devrait être ravageur pour les charts, qui se font sur les allers, jamais sur les retours. Les bluesmen ne se luxent pas l’épaule à enfoncer des portes ouvertes. Clifton Chénier : “Je rencontre des gens. Certains sont heureux, d’autres sont tristes. Des gens chantent des blues sur ça.” John Lee Hooker : “Je suis né avec le blues, je vis avec le blues et je mourrai avec lui.” Noté.

NOVEMBRE 2009 R&F 507

Certains ont le chic pour mettre dans le mille. Eddie Vedder (Pearl Jam) se bat pour qu’Obama “rétablisse la confiance. Nous devons rétablir la confiance avec les autres pays.” Bravo. Yoko Ono entend déjà couler le miel et le lait : “On va créer une planète musicale. Grâce aux jeunes, le monde va devenir meilleur. On va envoyer cette méditation de paix dans l’univers.” Bien joué. Andrew Stockdale (Wolfmother) a une anecdote astrale sur John Lennon : des Aborigènes remirent une plume blanche à Julian, selon la prédiction du père. La plume prouvait “sa présence dans l’autre monde”. C’est vrai qu’on n’en était pas sûr. Daevid Allen (Gong) dénonce le piano comme “une sorte de fascisme qui divise le monde des octaves en 12 segments”.

OK, mais pourquoi Gong ? Le nom sonne comme “un om, une incantatio­n, un mantra”. Une incantatio­n en 4 lettres ?

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