Rock & Folk

LAST TRAIN

L’ambitieux groupe alsacien publie son deuxième album. Rencontre avec des musiciens fougueux, certes, mais organisés.

- H.M.

En multiplian­t les concerts intenses, Last Train s’est affirmé comme l’un des meilleurs espoirs du rock français. Son nouvel essai confirme ce statut tout en marquant une évolution, comme le confirment les propos du chanteur-guitariste, impatient de repartir dans ces tournées “où l’ego est flatté chaque soir.”

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Rock&Folk : Pourquoi cet album est-il plus posé, plus calme ?

Jean-Noël Scherrer : Il est surtout plus mélodique, plus dynamique, plus personnel et plus réfléchi. C’est notre second souffle. Le premier était le moyen d’introduire un propos, celui d’un groupe de rock à guitare avec des riffs. C’était le premier chapitre de notre histoire, mais nous avions beaucoup d’envies à exprimer et, par exemple, on n’arrivait pas à rendre perceptibl­e la mélancolie. Nous nous sommes ouverts sur les grands espaces avec des morceaux plus longs. Il est moins classic rock mais plus intense et plus dense : on écoute un peu de tout, du rock, de la pop ou du hip-hop, mais on n’avait jamais eu l’occasion de le montrer.

R&F : Pourquoi cet album sort-il sur un petit label alors que le premier était chez une major ?

Jean-Noël Scherrer : Quand nous avons été approchés par des maisons de disques, nous avons signé en licence tout en restant propriétai­res des enregistre­ments. Après avoir stoppé notre label Cold Fame, j’ai monté avec quatre associés une holding regroupant différente­s entités dans la partie discograph­ique, notre nouvel album est donc sorti dans une société dans laquelle j’ai des parts. J’ai demandé aux gens de Barclay de nous rendre notre contrat et ils ont accepté. On n’avait vendu que treize mille disques, si les scores avaient été plus forts, leur réaction aurait sans doute été différente...

R&F : Pourquoi le choix de l’anglais ?

Jean-Noël Scherrer : La question de la langue ne s’est jamais posée pour nous, tout comme celle du style de musique. Notre puberté musicale, on l’a faite ensemble en découvrant des groupes comme Led Zeppelin. Personnell­ement, je n’ai jamais écouté de musique francophon­e, je n’ai aucune référence en la matière.

R&F : Ne ressentez-vous pas de lassitude à conserver la même formation depuis vos débuts ?

Jean-Noël Scherrer : On s’est rencontrés à onze ans et, en treize ans, on a tout vécu ensemble. Nous avons fait nos premiers essais très jeunes, et ces pseudo-échecs ont été des tests, des expérience­s. Travailler dans la durée nous a permis d’être soudés : on se connaît par coeur et on est les meilleurs amis du monde.

R&F : Avez-vous réalisé vos rêves d’adolescent­s ?

Jean-Noël Scherrer : Si on les a accomplis, on fait quoi maintenant ? Très jeunes, nous avons vécu des choses folles, des tournées internatio­nales, des premières parties prestigieu­ses, mais nous sommes dans la remise en cause permanente et nous avons envie d’aller plus loin. Nous avons adoré les tournées, parfois très inconforta­bles, en Birmanie, en Inde ou au Japon car nous sommes alors renvoyés à notre condition de petit groupe et nous avons l’obligation de conquérir un public, comme avec ces premières parties où le public est là pour la tête d’affiche.

RECUEILLI PAR H.M. Album “The Big Picture” (Deaf/ Caroline)

“Jamais écouté de musique francophon­e”

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