Allah-Las
“Lahs”
MEXICAN SUMMER
Qu’attendre d’un groupe formé à Los Angeles à la fin des années 2000 par des garçons employés d’un magasin de disques ? De cette situation semblant sortie d’un roman à la “High Fidelity” résulte une aventure excitante et néanmoins durable. Miles Michaud, Pedrum Siadatian (guitares), Spencer Dunham (basse) et Matt Correia (batterie) se font appeler les Allah-Las, nom régulièrement écorché, ce qui leur inspire le titre de ce quatrième album. Ils y cultivent un style typiquement californien à base de psyché, sunshine pop, garage, etc. Alors que Nick Waterhouse, complice de leurs premiers disques, a choisi la voie R&B-soul, eux travaillent principalement les mélodies et les climats où la délicatesse n’exclue jamais la détermination. Les influences sont suffisamment nombreuses pour se fondre et quasiment disparaître. Le chant, jamais musclé ou agressif, est traité comme une des composantes du son général. Pour “Royal Blues”, une récitation se superpose à un mantra. Les paroles de “Prazer Em Te Conhecer” (“Ravi de te connaître”) sont en portugais, celles de “Pleasure” en espagnol. Tout en arpèges, écho, etc., “Roco Ono” et “Houston” restent instrumentaux. Parfois vagues (dans toutes les acceptions), les solos de guitare refusent de choisir entre Jerry Garcia, Byrds et Love. Les AllahLas restent persuadés qu’une des fonctions de l’art est de créer de la beauté. Ce qu’ils réussissent très bien sur “In The Air”, “On Our Own Way” ou “Polar Onion”. En accord avec la pochette et les deux chansons en langues étrangères, cet album, aussi stylé que les précédents, sonne plus géographique, plus estival, plus océanique... ✪✪✪ JEAN-WILLIAM THOURY