Rock & Folk

Lana Del Rey

“Norman Fucking Rockwell!”

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INTERSCOPE/ POLYDOR/ UNIVERSAL

A-t-on encore le droit d’utiliser l’adjectif éthéré pour parler d’un disque de Lana Del Rey ? C’est, en tout cas, le premier terme qui vient à l’esprit après la première écoute de “Norman Fucking Rockwell!” (“NFR!” pour l’Amérique puritaine préférant les flingues à la baise), un album qui n’a de provocateu­r que le nom tant les 14 chansons qui le composent sont downtempo et hantées par la voix teintée de nostalgie de cette diva du 21ème siècle. Avec l’aide de Jack Antonoff, architecte du dernier Taylor Swift, LDR réussit l’exploit de signer un album sans tube évident et de l’imposer à Interscope, avec qui l’artiste est en guerre larvée depuis un moment. “NFR!” est un disque d’ambiance, de sentiments et d’amour qui ne court pas après le grand public. Les textes oscillent entre cynisme amusé et bouleversa­nte sincérité, comme en témoigne ce superbe vers du très psyché “Venice Bitch” : “You’re beautiful and I’m insane... We’re American made”, qu’on ne fera pas l’affront de traduire. L’écoute de l’album dans son intégralit­é est conseillée tant les titres s’enchaînent avec élégance, de la reprise de “Doin’ Time” (de Sublime) avec son intro qui cite “Summertime” de George Gershwin à “Love Song”, de “Happiness Is A Butterfly” à la conclusion piano/ voix “Hope Is A Dangerous Thing For A Woman Like Me To Have — But I Have It”. Solo de guitare dans “The Greatest”, confession after sex sur la chanson-titre (“Tu m’as si bien baisée que je t’ai presque dit que je t’aimais”), Lana ose tout, et ce cinquième album est sûrement un des plus envoûtants qu’elle ait proposé depuis... “Born To Die” ? ✪✪✪✪ OLIVIER CACHIN

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