Rock & Folk

Sean O’Hagan

“Radum Calls, Radum Calls”

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DRAG CITY/ MODULOR

Découvrir un nouvel album de Sean O’Hagan, en solo ou avec le projet High Llamas, revient à prendre des nouvelles d’un vieil ami. Vingt-neuf ans après son premier album solo sobrement intitulé “High Llamas”, l’Irlandais, exilé à Londres depuis 1982, remet le couvert en compagnie de Cathal Coughlan, vieux complice des années Microdisne­y (1980-1988, avec une réunion en 2018). A l’instar de David Thomas de Pere Ubu, qui pour la conception de “The Long Goodbye”, s’était mis à écouter la radio commercial­e pendant six mois, Sean O’Hagan s’est pris de passion pour le style trap, musique urbaine apparue dans le sud des Etats-Unis, aujourd’hui omniprésen­te. Le rapport avec la pop indie ? Sean O’Hagan est un grand compositeu­r témoin de son temps, justement parce qu’il est capable d’intégrer le zeitgest du monde tout en y insufflant les successive­s couches de références musicales sur lesquelles il a construit son oeuvre unique. A l’inverse d’un Liam Gallagher enfermé dans sa nécropole pop dérivative, Sean O’Hagan sait se régénérer de sang neuf, en produisant, par exemple, une nouvelle génération d’artistes qui ont pour noms Mount Kimbie, Fryars, James Righton (de Klaxons) et Hockney. “Radum Calls” est un album de pop moderne, à la fois nostalgiqu­e et tourné vers le futur. Côté paroles, O’Hagan, comme dans “On A Lonely Day (Ding, Dong)”, invoque, non sans une bienveilla­nte ironie, une chronique de l’ici et maintenant. En ces temps où le Royaume-Uni est face à un futur incertain, travaillé par des forces obscures, voilà un album qui redonne foi dans les puissances créatives d’un archipel où la musique pop est un élément essentiel de la vie quotidienn­e. ✪✪✪✪

JEAN-EMMANUEL DELUXE

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