Red Beans & Pepper Sauce
“Mechanic Marmalade”
CROSSROADS/ SOCADISC
Ce groupe de Béziers, qui tombe à la cognée ces gros tronçons de heavy blues, existe depuis 2010. “Mechanic Marmalade” est son troisième album. Les Red Beans sont armés jusqu’aux dents, les manches blindées de martingales, et trouvent le moyen de jeter une carte encore plus magistrale que les autres : la voix supersonique de Jessyka Aké. Mille bombardes, c’est ce qu’on appelle une voix irrésistible, guerrière et séraphique, richement nuancée. Elle rachète la brutalité rythmique de l’orchestre, se dilate sans difficulté dans le choc des lignes et monte comme une flamme sur les neuf batailles qui composent l’album, une arche noire en roche volcanique, tous ces plafonds baroques, ces courses d’escaliers qui s’enchevêtrent, ces paliers d’orgue qu’il faut franchir (Serge Auzier), spasmes de basse bodybuildée (Denis Bourdié), trampoline de massues (Niko Sarran), violentes surexpositions de guitare jaillissant du tunnel électrique dans un éblouissement hard blues (Laurent Galichon). Même en tenant compte des inflations critiques dont ce magazine est coutumier, on pourrait penser que ça commence à faire beaucoup pour un seul groupe. A peine, car les Red Beans ont de quoi faire dans les cordes, vocales et métalliques, sur les peaux et sur les touches. Pour un peu, ils se vexeraient de la tiédeur du compliment. Bien sûr, la sobriété n’est pas le grand tabou de leur plan de carrière, mais Jessyka Aké dégage une telle grâce et le groupe une telle force, que cette profusion prend une tournure obligée, presque modeste. Restons calmes : voici le disque de l’année. Du siècle. De tous les siècles. Le disque du Big Bang ! ✪✪✪✪ CHRISTIAN CASONI