Theo Lawrence

“Sauce Piquante”

BMG

Ce deuxième album de Theo Lawrence, Franco-Canadien exilé depuis peu à Bordeaux, produit par Mark Neill et enregistré entre la Géorgie et l’Hexagone, est peut-être un miracle. Parce qu’il présente douze chansons absolument impeccables. Rock’n’roll, country, cajun, tex-mex, l’histoire de la musique américaine est ici revisitée avec une classe totale et une pudeur de combat si rare de nos jours. C’est un disque sur les aiguilles de la grande horloge, sur l’amour, les coeurs qui vibrent au bord de la falaise, c’est un disque qui n’oublie jamais que la musique est d’abord là pour rapprocher les corps et sauver les âmes. Un disque qui navigue entre l’instant présent et une mélancolie profonde. Ça débute avec “The Worst In Me”, chanson serpent et aimant, un générique de Tarantino pas encore tourné. “Baby Let’s Go Down To Bordeaux” doit moins à Alain Juppé qu’à une certaine idée de la fête débridée. “Petit Coeur” ouvre les portes d’un bar d’un bayou qu’aucun GPS ne saurait situer. “Evangeline” est splendide, slow dépouillé et sublime, où les sentiments s’incarnent. “Come On Back To My Love”, c’est la grande tradition des coeurs brisés réactivée, et c’est admirable. “In The Back Of My Mind”, idem, un amour de vacances flotte comme un fantôme qui refuserait d’abdiquer. “NOISE” donne envie d’y croire encore, tend la main et convie à une danse loin du monde. A la fois vertigineux et sobre, “Lonely Together”, acoustique, évoque le Nick Lowe de “The Beast In Me”. “Prairie Fire” est une murder ballad aussi belle qu’inquiétante. “Adelita” chante une femme piège, celle que l’on devrait quitter et qui nous retient dans ses filets. Jubilatoire ! “They Don’t Like Me (Where I’m From)” clôt dignement cet album formidable, où le talent de Theo et l’hommage à un passé glorieux n’écrasent jamais l’intensité des désirs. Beau. ✪✪✪✪

JEROME REIJASSE