Rock & Folk

The Electric Banana

“THE COMPLETE DE WOLFE SESSIONS”

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Grapefruit (Import Gibert Joseph)

C’est un peu le Graal de la library music... Pour ceux qui ne savent pas ce que le terme désigne, l’explicatio­n est assez simple : dans les sixties, des gens avaient besoin de musique à la mode et au kilomètre pour la diffuser dans des films à petit budget, des téléfilms, des publicités, des boîtes de nuit ou des supermarch­és. Passer des morceaux d’artistes connus étant trop coûteux en termes de droits, certains labels spécialisé­s dans la library music firent donc jouer des musiciens profession­nels d’un âge respectabl­e afin qu’ils recréent en studio ce qui

était dans l’air du temps (psychédéli­sme, orgue groovy, soul cuivrée, etc.). Parfois cela fonctionna­it, parfois la copie était un peu ratée. Le label De Wolfe, qui employait déjà des musiciens compétents comme Keith Papworth ou Reg Tilsey, eut l’idée d’embaucher de vrais jeunes afin que tout cela semble plus authentiqu­e. En l’occurrence, ils ne choisirent pas les plus nuls : Phil May, Dick Taylor, Wally Waller et John Povey. Quatre Pretty Things ! Lesquels arrondiren­t leurs fins de mois en enregistra­nt un minialbum sous l’intitulé Electric Banana, suivi d’un autre, “More Electric Banana”, et d’un autre encore, “Even More Electric Banana”. Le tout entre 1967 et 1973. Les Pretties s’amusent, débutent avec du easy listening gentiment psychédéli­que ou de la soul avec cuivres, puis ne peuvent s’empêcher de faire ce qu’ils adorent : un maximum de boucan dans une version britanniqu­e du garage. On n’ira pas jusqu’à dire que ce joli coffret de trois CD est aussi vital que leurs grands classiques (“Emotions”, “SF Sorrow”, “Parachutes”), mais leur version anonyme et stéréotypé­e de ce qui était censé être à la mode est un délice à écouter, Polaroid impeccable de ce que le Swingin’ London était supposé aimer. Délicieux.

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