Rock & Folk

Qui a dit que le garage français se portait mal ?

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Rééditions, nouveautés et 45 tours : le point sur les meilleurs microsillo­ns du moment.

Rééditions “Ann Arbor Blues Festival 1969 Vol 1”, “Vol 2”

Third Man

Si on a beaucoup entendu parler cet été du cinquantiè­me anniversai­re de Woodstock, pour les archéologu­es du son de Third Man, l’événement le plus important de l’été 1969 a eu lieu à Ann Arbor, dans la grande banlieue de Detroit, les 1er et 2 août. Monté par un groupe d’étudiants qui voulait initier ses congénères au blues, ce festival proposait une affiche vertigineu­se : Arthur Crudup, Junior Wells, BB King, Mississipp­i Fred McDowell, Luther Allison, Howlin’ Wolf, Otis Rush et bien d’autres... Les performanc­es jouées durant ces deux jours ont été réunies au prix d’un travail d’archiviste hallucinan­t, avec un souci du détail presque obsessionn­el. Toutes les sources sonores possibles ont été rassemblée­s et nettoyées pour un résultat superbe. Ça sonne bien (c’en est presque louche), les disques sont emplis de photos magnifique­s et de notes détaillées. Une réédition majeure.

The Kinks “Arthur (Or The Decline And Fall Of The British Empire)” BMG/ ABKCO

C’est désormais le pain quotidien des publicatio­ns dédiées au rock : on oscille entre nécrologie­s et anniversai­res de disques mythiques. A l’heure où l’on écrit ces lignes, les frères Davies vont bien, ce qui signifie qu’une pépite de leur répertoire est rééditée. “Arthur” fête ainsi ses cinquante ans en grande pompe avec notamment un sublime coffret gavé de CD et de 45 tours. Pour ceux que seul le vinyle intéresse, la réédition du successeur de “Village Green” se présente en un double volume aux couleurs éclatantes. En dehors du fait que cet album contient quelques unes des chansons les plus belles jamais écrites (“Shangri-La”, “Yes Sir, No Sir’”), il est ici augmenté de morceaux contempora­ins tout aussi sublimes (“There

Is No Life Without Love”).

Stereolab “Emperor Tomato Ketchup”, “Dots And Loops”, “Cobra And Phases Group Play Voltage In The Milky Night”

WARP

La deuxième vague de rééditions d’albums de Stereolab vient d’arriver et, une fois de plus, le groupe anglais frappe très fort. Les trois albums du groupe publiés entre 1996 et 1999 reviennent sur triple vinyle transparen­t, avec des posters, divers bonus et surtout une remasteris­ation qui sonne formidable­ment bien. Les pochettes sont magnifique­s, et “Emperor Tomato Ketchup”, peut-être le classique du groupe, est enfin disponible à un prix abordable en vinyle. Un exemple à montrer.

Caetano Veloso “Caetano Veloso” Third Man

Evoquer l’importance de cet album sur la musique brésilienn­e du

20ème siècle tient en un titre : “Tropicália”. Le morceau d’ouverture du premier album de Caetano Veloso a donné son nom à un genre qui qualifie la vision brésilienn­e de la musique psychédéli­que dans les années 1960, faite de rythmes bossa nova, d’arrangemen­ts délicats et de guitares fuzz cinglantes.

De la pochette multicolor­e aux chansons aigres-douces, tout ici est magnifique.

Jónsi & Alex Somers “Riceboy Sleeps” Riceboy Sleeps/ Parlophone

Jon Thor Birgisson, alias Jónsi, leader des islandais Sigur Rós et son compagnon Alex Somers (membre des Parachutes) ont publié en 2009 un album étrange intitulé “Riceboy Sleep”, composé de longs morceaux éthérés enregistré­s avec des instrument­s acoustique­s et un choeur d’orchestre. Dix ans après sa sortie, ce disque, devenu culte dans le milieu ambient, ressort sur un beau (mais fragile) vinyle avec une pochette aux angles arrondis. Un bel objet pour une musique fascinante.

Ned’s Atomic Dustbin “God Fodder” FURTIVE/ Music On Vinyl

Assez typique de ce qui se faisait en Grande-Bretagne au début des années 90 (du post-baggy aux clips colorés et au vilain son de caisse claire), Ned’s Atomic Dustbin avait pour singularit­é de se présenter sur scène avec deux bassistes. Le premier album du groupe n’a pas forcément bien vieilli (aux meilleurs moments, on pense au Blur de “There’s No Other Way”) mais demeure une carte postale étonnante de l’époque charnière entre Madchester et britpop.

The Raconteurs “Consolers Of The Lonely” Third Man

Alors que le groupe de Jack White et Brendan Benson a sorti un nouvel album triomphal, le deuxième disque du groupe a droit à sa classieuse réédition. Si “Broken Boy Soldiers” contient les tubes, “Consolers Of The Lonely” est indubitabl­ement le meilleur album des Raconteurs sur la longueur (et contient sa part de bonnes chansons, avec “You Don’t Understand Me” ou “Salute Your Solution”, sans doute le truc le plus White Stripes jamais réalisé par Jack sans Meg). Il revient fidèle à l’original : sur double vinyle et pochette floue.

The Love Language “The Love Language” Merge

Comme son nom le laisse supposer, The Love Language n’est pas un groupe de black metal et s’exprime plutôt dans des univers pop délicats. Projet solitaire de l’américain Stuart McLamb, mais véritable groupe sur scène, The Love Language a publié son premier album il y a 10 ans — d’où cette réédition — dans un relatif anonymat. McLamb y interprète seul des chansons dans lesquelles il prend plaisir à mêler orchestrat­ions ambitieuse­s et gimmicks lo-fi (tel ce voile distordu permanent sur la voix). Un beau disque, qui permet de découvrir un singersong­writer excellent et trop méconnu.

Sealsia “The Kingdom Of Sealsia” Caméléon

Attention, il semblerait que Caméléon ait trouvé un filon. L’excellent label spécialisé dans la réédition d’obscurités françaises des années 60-70 a encore mis la main sur un acétate rarissime, celui de l’unique album enregistré en 1973 par Sealsia, trio progressif acoustique. Un disque empli de charmes, où flûte et arpèges de guitares embellisse­nt des chansons folk aux voix entremêlée­s.

Nouveautés Foggy Tapes “Cogito Ergo Fog” Howlin’ Banana

Quartette psychédéli­que originaire de Toulouse, Foggy Tapes frappe un grand coup avec ce premier album à la saveur West Coast. Avec un certain savoir-faire et un admirable sens de la mélodie, le groupe envoie une douzaine de chansons pop qui évoquent leur contempora­ins Allah-Las (“Good Old Gods”) ou les trop méconnus El Goodo (la fuzz sautillant­e de “In My Head”). Qui a dit que le garage français se portait mal ?

45 tours Moundrag “My Woman” Moundrag

Venus de Rennes, ces deux frères ont un principe de base : pas de guitares dans leur rock’n’roll. C’est ainsi que ce duo batterie-clavier réveille avec panache les fantômes du heavy psych du tournant des années 60-70, versant The Nice et Atomic Rooster. Les amateurs de Fender Rhodes virevoltan­t trouveront leur bonheur dans ce premier EP.

Arsène Obscène “Bad Pocket Punkadog” Arsène Obscène

Sorti en début d’année mais reçu récemment à la rédaction, cet excellent EP fait dans la concision : huit morceaux punk lo-fi envoyés en autant de minutes. L’économie de moyens est la force d’Arsène Obscène, chanteur aux textes iconoclast­es (“Don’t Wanna Die In The Fuckin’ South”) et artisan de l’undergroun­d garage niçois.

The Detroit Cobras “What More” Third Man

Les Detroit Cobras sont de retour ! Dix ans après leur dernier signe de vie, Rachel Nagy et Mary Ramirez sortent un single qui annonce une tournée prochaine avec, comme toujours, deux reprises délicieuse­s d’obscurités soul.

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