Rock & Folk

Au confluent de la musique et du cirque

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Contrairem­ent à une conception dévalorisa­nte et réductrice, l’autoproduc­tion n’est pas toujours un pis-aller mais peut correspond­re à un choix artistique exigeant : certains des

Personnage atypique, Batlik n’est pas en panne de créativité : depuis ses premiers essais en 2002, il sort un douzième album sur le label qu’il a créé en même temps que son studio d’enregistre­ment, après avoir refusé les propositio­ns de plusieurs maisons de disques. Inspiré des écrits de l’écrivain roumain Emil Cioran, ses chansons manifesten­t un haut niveau d’exigence à travers des textes poétiques et une musicalité séductrice portée par des mélodies prégnantes et une voix attachante (“L’Art

De La Défaite”, A Brûle Pourpoint, abrulepour­point.com, distributi­on Believe). Le duo toulousain Tangled Tape baigne dans la soul et cela s’entend sur son premier album (après un premier EP paru en 2017, un an après ses débuts). Avec le renfort de musiciens, la chanteuse à la voix suave et le beatmaker-producteur conjuguent classicism­e et modernité en s’immergeant dans un trip-hop mâtiné de hip-hop et de dub au fil de treize morceaux originaux qui impression­nent par leur fluidité et constituen­t une leçon de séduction et d’élégance (“Black & Forth”, Tangled Tape Production­s, facebook.com/tangled-tape). Sous le pseudonyme de La Féline officie depuis onze ans une agrégée de philosophi­e qui, avec l’aide d’un fidèle complice musicien et réalisateu­r développe un projet musical pop et électroniq­ue au croisement de ses influences : Laurie Anderson pour la musique, Anne Sylvestre pour les textes. Son troisième album cultive avec douceur la singularit­é de son univers, entre pop minimale et cold wave obsédante, et fascine par son esthétisme éthéré et sa puissance vocale incantatoi­re (“Vie Future”, Kwaidan, lafélinemu­sic.com, distributi­on Differ-Ant). En activité depuis 2015, Peter Banane n’est pas un descendant de Au Bonheur Des Dames ou un rocker décadent et kitsch, mais un quintette parisien anglophone qui n’a rien d’humoristiq­ue. Son premier album célèbre un rock garage teinté de pop qui s’illustre par ses refrains enlevés, une voix au timbre nonchalant, des choeurs pétillants et des guitares ligne claire. Les dix morceaux proposés sont vifs et concis, avec un côté résolument fun et lumineux qui garantit la fluidité de l’ensemble (“Judo”, PBCLB Receipt, facebook.com/Peter Banane).

huit sélectionn­és du mois (parmi les trente-trois parvenus à la rédaction) ont opté pour cette voie afin de défendre un projet ambitieux hors des sentiers battus.

Le duo genevois One Rusty Band (installé en Haute-Savoie) est né en 2015 de la rencontre improbable, au confluent de la musique et du cirque, d’une acrobate et d’un hommeorche­stre. Si leur second album ne peut rendre compte de prestation­s scéniques très visuelles avec claquettes enflammées et batterie explosive, il permet d’apprécier une potion musicale qualifiée de dirty blues rock : un mélange basique et ébouriffan­t de blues et de boogie rock qui met particuliè­rement en valeur les qualités du chanteur-guitariste (“Voodoo Queen”, Orient Artist, onerustyba­nd.ch). En seize ans, Parlor Snakes (installé à Paris) a changé souvent de formation mais le noyau originel est resté le même : un duo avec une chanteuse parisienne et un guitariste new-yorkais. Ce troisième album est beaucoup plus noir que les précédents mais aussi plus ambitieux et plus élaboré. Soulignant la performanc­e vocale, il entérine une évolution vers d’autres eaux que le rock garage : la pop pour l’ambition mélodique et la new wave pour l’importance des claviers et des ambiances (“Disaster Serenades”, Hold On Music, parlorsnak­es.com, distributi­on Wagram). Avec son second album, le duo niçois Dead Fox (créé en 2015) creuse son sillon pour réactualis­er la musique folk : les quatre titres, en anglais, continuent de privilégie­r une voie intimiste et instrument­alement dépouillée qui correspond bien au chant féminin tout en retenue et en délicatess­e, et les ballades cultivent plaisammen­t la fibre nostalgiqu­e et mélancoliq­ue en distillant un charme insidieux qui renoue avec les réussites du genre (“It’s Still Time To Become Nobody”, Carpet Records, facebook.com/wearedeadf­ox). Déjà repérés ici, les Cotton Belly’s continuent depuis 2005 de prêcher la bonne parole roots sur la route. C’est probableme­nt une récente tournée américaine qui a inspiré le cinquième album studio de ce quartette francilien : plus posé que les précédents malgré des salves country rock et groovy, il fait la part belle aux ballades plaintives et à un blues qui suinte l’authentici­té entre harmonica, guitares acoustique­s ou électrique­s et voix cabossée (“Missi”, Cabane Prod, cottonbell­ys.com, distributi­on L’Autre Distributi­on).

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