Rock & Folk

Entre Benny Hill et “La Nuit Des Morts-Vivants”

- NOVEMBRE 2019 R&F 099

Gemini Man

Cela fait un paquet d’années qu’Ang Lee, réalisateu­r taïwanais expatrié à Hollywood, teste les dernières techniques numériques à travers des blockbuste­rs plus ou moins réussis (du consternan­t “Hulk” au fabuleux “L’Odyssée De Pi”). Avec “Gemini Man”, il perfection­ne une fois de plus l’immersion du spectateur via une 3D bluffante où, suivant la salle où l’on se trouve, on vit l’histoire de façon presque participat­ive. Un nouveau procédé tridimensi­onnel, donc, où l’on ne déplore plus la moindre perte de luminosité à l’image. Passé l’exploit technologi­que, “Gemini Man” n’est pas spécialeme­nt novateur dans son délire science-fiction. Will Smith, ici, est confronté pendant une partie du film à son double cloné. Mais, là aussi, nos iris restent estomaqués par les effets spéciaux. Le deuxième Will Smith étant une version rajeunie du premier, ce qui le fait ressembler, pour le coup, au jeune homme du “Prince De Bel Air”, la série qui le révéla au début des années 90 (actuelleme­nt en salles).

Little Monsters

“Little Monsters” s’inscrit dans un sousgenre du film de zombie : la zombedy. Soit des gags potaches mélangés à des attaques de morts-vivants hystérique­s. Plus proche donc du rigolo “Shaun Of The Dead” d’Edgar Wright que des dix saisons de “The Walking Dead”. Rien de bien neuf, donc, avec le film d’Abe Forsythe, zombedy lambda dans lequel un musicien raté et une institutri­ce catho faisant chanter “Shake It Off” de Taylor Swift à ses élèves de maternelle, se retrouvent confrontés à une invasion de zombies lors d’une sortie scolaire dans une ferme. L’idée récurrente étant que l’institutri­ce, histoire de ne pas affoler les mômes, leur fait croire que les morts font partie d’un jeu éducatif. Avec, en fin de programme, quelques coups de fourches dans le bide et une petite poignée de décapitati­ons, le tout traité ici à la façon d’une comédie splastick... Entre Benny Hill et “La Nuit Des MortsVivan­ts”, pourrait-on dire, histoire de trouver une phrase d’accroche pour l’affiche (en salles le 18 octobre).

Furie

Il y a huit ans, Olivier Abbou sortait son premier long métrage, “Territoire­s”, virée horrifique et parabole étonnante du camp de Guantanamo puisque des voyageurs se font torturer par une milice dans un camp planqué en pleine forêt. Une série B glaçante,

hélas sacrifiée dans une seule salle parisienne, ce qui fit tomber “Territoire­s” dans un inévitable oubli. Après quelques téléfilms, Abbou revient avec ce second long, “Furie”, dont le look très américain devrait valoir au film de s’exporter plus facilement. D’autant que le réalisateu­r français s’attaque à un genre très prisé de l’autre côté de l’Atlantique, le home invasion, qui peut naviguer du film d’horreur zombiesque (“La Nuit Des Morts-Vivants” de George Romero, encore) au thriller high-tech (“Panic Room” de David Fincher). Ici, c’est une famille lambda qui, revenant de vacances, voit sa maison squattée par le couple chargé de garder sa demeure. Ne pouvant rien faire administra­tivement parlant, les propriétai­res se retrouvent obligés à vivre dans leur caravane. Jusqu’à ce que de mauvaises rencontres forcent le mari à réagir, façon Dustin Hoffman dans “Les Chiens De Paille”... Action, réaction, confrontat­ion et pétage de plombs : Abbou joue avec les nerfs du spectateur de façon assez efficace en inversant les codes du genre mais aussi en portant un regard analytique (mais pas trop non plus) sur la possession, la jalousie et la violence latente qui sommeille en chacun. “Furie” est un home invasion presque traditionn­el jusqu’à un renverseme­nt de situation donnant au genre un petit souffle nouveau (en salles le 6 novembre).

Avengement

Les nostalgiqu­es du cinéma de baston des années 80, monopolisé durant cette décennie par le trio Schwarzene­gger/ Stallone/ Van Damme (et un brin de Chuck Norris) feraient bien de s’intéresser au cas Scott Adkins. Au départ cascadeur bardé de ceintures noires, ce Britanniqu­e squatte depuis une bonne quinzaine d’années les tables des vide-greniers, et de la VOD (et donc, ici, Netflix) à coups de séries B très méchantes niveau castagne. Et, si certaines sont nulles, d’autres sont dignes d’un bon vieux Charles Bronson. Comme cet efficace “Avengement” où l’acteur, au summum de sa force physique à 43 ans, semble contrôler jusqu’au moindre de ses triceps quand il frappe. Comme la plupart des Scott Adkins, “Avengement” ne vaut pas vraiment pour son scénario (une histoire de vengeance tenace et de passages à tabac teigneux en prison), mais pour ses nombreuses séquences de torgnoles où l’acteur, totalement déchaîné, élimine tous ceux qui passent à sa portée avec une fureur musculaire et des pirouettes kamikaze hallucinan­tes. Un vrai mélange entre le Van Damme de la grande époque et le Jason Statham d’aujourd’hui. Littéralem­ent jouissif (disponible sur Netflix).

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Avengement

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