“Desert Sessions”
MATADOR/ BEGGARS
Josh Homme est-il le dernier à essayer de rendre le rock’n’roll sexy ? Il a produit le seul album d’Iggy Pop ayant atteint le haut des charts, lui a concocté la tournée solo dont tout le monde rêvait, réussi le tour de force d’être sincèrement fan de ZZ Top et collaboré avec Matt Sweeney, l’insupportable intervieweur de Noisey, enregistré un album avec une dizaine de musiciens mais réussi à n’embaucher que des femmes à la batterie (Stella Mozgawa de Warpaint et Carla Azar, batteuse de Jack White, excellente ici). Josh Homme est un homme retors, extrêmement doué, composant une musique parfois lourde mais, surtout, il fait les choses pour qu’elle fonctionne. De l’intégralité de cette génération sortie du rouleau compresseur des années 90, il est peut-être le seul à avoir connu une pente ascendante.
Car ces “Desert Sessions” fonctionnent étonnamment bien. Très, très bien. Les chansons sont, oui, des tubes. Même les ballades aux saveurs Tex-Mex (“If You Run”), même celles aux accents Nick Cave FM (“Easier Said Than Done”), même les bouffoneries (“Chic Tweetz”). En fait, nous avions oublié ce que signifiait pop, ce que signifiait radio, ce que signifiait plaisir, et à quel point les voix de tête accompagnées de grosses guitares pouvaient avoir du charme. Comment reconnaître Billy Gibbons quand il susurre “Move Together” ? Comment résister au riff de “Noses In Roses, Forever” ou à la voix de Libby Grace, la chanteuse de “If You Run” ? Car on retrouve peut-être ici un petit bout de ce savoir-faire américain qu’on croyait perdu. Perdu au milieu du désert. ✪✪✪✪
THOMAS E. FLORIN