Xylouris White
DRAG CITY/ MODULOR
Une autre idée de l’Europe. Après “Goats” en 2014, “Black Peak” en 2016 et “Mothers” en 2018, seule est métronomique la régularité avec laquelle revient Xylouris White. Ce quatrième album, pourtant, marque un nouveau départ pour le duo australo-grec qui, à force de sillonner le monde entier, a su trouver un rythme immédiatement identifiable, en mêlant l’avant-rock à la musique folk grecque ancestrale. Difficile de savoir si ce groupe allumé fait du neuf avec du vieux ou l’inverse, mais la rencontre entre George Xylouris (chanteur crétois et joueur de luth également connu sous le nom de Psarogiorgis) et Jim White (batteur australien de Dirty Three et Venom P Stinger) semble bénie des dieux.
Avec juste un laouto, luth à cordes métalliques à manche long, et une batterie qui sonne comme si John Bonham cognait chez Godspeed You! Black Emperor, le duo fait un sacré barouf, mais aussi preuve d’empathie. Pas de hit mythologique à signaler ici, inutile de chercher le moindre format pop dans cette longue et poignante rumination, unique en son genre, aussi psychédélique que significative. Avec de simples desseins posés sur une base rythmique complexe, Xylouris White évoque le bruit des insectes qui collent aux cheveux, mais aussi les statues de la mer Noire, avant de foudroyer l’auditeur par la beauté de “Tree Song”. “The Sisypheans” renvoie au mythe absurde d’Albert Camus, ainsi qu’à ces musiciens ambulants qui mènent des actions vaines et sans fin. C’est ce qu’ils font qui leur apprend ce qu’ils cherchent. Une idée philosophique qu’il serait regrettable de négliger. ✪✪✪
VINCENT HANON