Ludwig Von 88
ARCHIVES DE LA ZONE MONDIALE/ PIAS
Vingt ans après sa dissolution, l’un des groupes phares du mouvement alternatif propose un nouvel album enregistré en marge de sa tournée de retour. L’exercice est périlleux : après une si longue absence, le trio est-il capable de renouer avec la loufoquerie destroy de ses débuts ? Que les fans se rassurent, ils ne seront pas déçus. Les Ludwig sont restés fidèles à leurs obsessions de jeunesse. Sur un mode punk minimaliste, avec quelques ouvertures reggae, ils poursuivent leur voyage au pays de la dérision. Dans un joyeux melting-pot, il est question de LSD et de fumette, de nostalgie punk (“Au Bon Vieux Temps Des Crêtes”) ou hard-rock (“AC/DC Cherche Un Chanteur”), mais aussi de critique sociale et politique à travers leurs cibles privilégiés comme la religion (“De L’Amour Tous Les Jours Me Chante Le Christ Cosmique”), la pollution (“Atomic Monik Et Nucléaire Jean-Pierre”) et les politiciens, en particulier avec “En Avant Dans Le Mur”, son refrain polémique (“En marche, en marche/ Pour le grand capital”) et son extrait d’un discours d’Arlette Laguiller. On reste donc en terrain connu, mais avec un avantage : jamais ils n’ont manifesté un tel souci au niveau du son et des arrangements, et la réussite visuelle de la pochette est au diapason de certains morceaux : un concentré d’efficacité punk (“JeanPierre Ramone”), un hymne déjanté (“Disco Pogo Nights”) ou des envolées dans une sorte de rock indus assez saisissant (“J’Ai Gobé Du LSD”, “Pour Que Brillent Les Patries”, “Vers Le Néant”). A-t-il fallu aux Ludwig Von 88 passer par le stade de la séparation et de la résurrection pour livrer leur meilleur album ? ✪✪✪
H.M.