Lofofora
AT(H)OME
Trente ans après ses débuts, Lofofora entend bien prouver qu’il ne s’est pas calmé au fil des années. Après diverses tentatives d’ouverture comme ces reprises de morceaux de Gainsbourg, Arno et Bashung, ces sessions avec d’autres intervenants, la parenthèse acoustique du précédent album (“Simple Appareil”) et la tentative réussie du chanteur Reuno de revisiter un rhythm’n’blues groovy à la Nino Ferrer (avec la section rythmique de Parabellum au sein du groupe Madame Robert), il semble que l’heure est venue pour le quartette de réaffirmer ses fondamentaux énervés. Ce “Vanités” est donc placé sous le signe du heavy rock le plus intransigeant et revendicatif, comme une sorte de retour aux sources, même si cela se fait au détriment de textes souvent peu audibles malgré leur importance affirmée (“Tout ce qui me heurte dans le monde d’aujourd’hui, j’essaie de l’exorciser à travers mes textes”). Le ton est donné dès l’introduction (“Bonne Guerre”) : tempo rapide, voire précipité, guitares saturées, chant éructant. Les titres suivants entretiennent cette tension convulsive, ce parti pris metal, en alternant des choses relevant du punk hardcore (“Le Refus”, “Le Futur” “X-It”) et des charges à la cadence moins rapide mais tout aussi virulentes (“Les Fauves”, “Le Venin”). Pourtant, telles des possibilité trop peu exploitées, affleurent par moments des tentatives d’échapper à cette obsession de l’excès et de la surenchère : la guitare tout en finesse de “Le Mâle”, le début quasi expérimental de “Désastre”, ou le chant plus apaisé qui révèle enfin toutes ses nuances sur un final plus calme (“La Surface”). ✪✪✪
H.M.