Les ingrédients parfaits d’un groupe culte
Rééditions, nouveautés et 45 tours : le point sur les meilleurs microsillons du moment.
Rééditions Motörhead
“Overkill”, “Bomber” Sanctuary/ BMG
Quand certains raclent les fonds de tiroirs ou remixent des albums classiques pour attirer le chaland, les gestionnaires du catalogue de Motörhead jouent la carte du beau produit et du travail soigné. Si le prétexte est, comme souvent, celui d’un anniversaire (les 40 ans de “Overkill” et “Bomber”), ces deux disques de 1979 sont réédités sous le format d’un magnifique livre-disque qui contient l’album remasterisé, accompagné d’un double album live inédit et d’époque. Les livrets, riches de photos et textes inédits, sont superbes, et on ne peut qu’être admiratif devant ces magnifiques objets.
The Easybeats
“Volume 3” Music On Vinyl
Troisième album des Easybeats (et dernier enregistré en Australie avant leur déménagement en Angleterre), le bien nommé “Volume 3” représente une photographie assez précise de ce que pouvait produire un bon groupe pop en 1966. Soit des chansons enjouées aux paroles parfois naïves, aux harmonies soignées et à l’énergie communicative. S’il n’est pas le meilleur de ces aimables Aussies, l’album contient surtout un des tubes du groupe, le formidable “Sorry”, devenu depuis un classique garage mille fois repris. L’album est réédité avec son mix mono d’origine, sur disque argenté.
Les Innocents
“Fous A Lier”, “PostPartum”
Because
C’est un des paradoxes de l’industrie musicale. Dans les années 1990, le CD avait détrôné le disque vinyle au point que les nouveautés ne paraissaient plus dans ce format, alors jugé obsolète. C’est ainsi que les deux albums les plus fameux des Innocents, magnifiques exemples de productions pop en français sortis en 1991 et 1995 (dans lesquels on trouve des titres emblématiques tels que “L’Autre Finistère” ou “Un Monde Parfait”), paraissent pour la première fois sur ce support en 2019. Chaque album vient ainsi augmenté de titres bonus sur un deuxième LP et accompagné de sa version CD.
David Bowie
“VH1 Storytellers” Parlophone
Quand sortent des albums live tirés de passages télévisés d’artistes récemment décédés, la méfiance est de mise. Mais, quand il s’agit d’une émission aussi émouvante que celle enregistrée par David Bowie en 1999 dans le cadre des Storytellers de VH1, on respire. La performance de cette soirée reste appréciée des fans pour le choix audacieux des titres chantés par Bowie (“Can’t Help Thinking About Me”, enregistré en 1965 et qu’il n’avait pas chanté depuis 33 ans ; “Drive-In Saturday”, rarement interprété sur scène). Surtout, Bowie parsème chaque interlude d’anecdotes passionnantes (parfois plus que la musique elle-même tant il est un narrateur captivant).
Coronados
“...Un Lustre” Mono-Tone
Trente ans après leur dissolution, les Coronados restent une énigme. Un groupe dont la discographie est marquée d’inspirations géniales, de changements de line-up fréquents et de ventes confidentielles : les ingrédients parfaits d’un groupe culte. “...Un Lustre”, second (et donc dernier) album du groupe parisien est enfin réédité en vinyle. C’est un album étrange, moins typiquement garage et rock’n’roll que son prédécesseur (“N’importe Quoi”, classique absolu du groupe, qui devrait prochainement être réédité par Mono-Tone) mais aux idées avant-gardistes toujours d’actualité.
Little Bob
“Libero”
Digging Diamonds/ GM Editions
Evénement pour les fans de Little Bob : son album “Libero”, sorti à l’origine en 2002 est disponible pour la première fois en double vinyle. L’album marquait le retour aux affaires de deux membres historiques de Little Bob Story (le guitariste Gilles Mallet et le batteur Nico Garotin) et voyait le chanteur s’ancrer toujours davantage dans un blues boisé et chaleureux.
Aurelia Kreit
“Artificial Dream” Simplex
Label lyonnais qui a pour objectif annoncé de remettre en lumière la production locale des années 80, Simplex fait ses grands débuts avec deux groupes méconnus hors des traboules : Aurelia Kreit et Le Voyage De Noz. De ces deux groupes à l’esthétique new wave qui ont marqué la scène rock locale, Aurelia Kreit est certainement le plus obscur. Son unique cassette est aujourd’hui rééditée sur vinyle rouge avec de nombreux inédits.
Nouveautés Berceau Des Volontés Sauvages
“Seuil” Altaar
Né de la rencontre entre Alban Jamin (ex-guitaristes des regrettés Purple Lords de Lyon) et du percussionniste/ bricoleur Joost Van Der Weerd (on parle ici de quelqu’un qui joue du bois chantant et de la douille d’obus), Berceau Des Volontés Sauvages est à l’origine un projet monté pour illustrer en live des films muets des années 1920 lors de projections en salle. “Seuil” regroupe ainsi plusieurs pièces créées pour l’occasion, qui oscillent entre krautrock, ambient et library music, pour un voyage fascinant.
Leopardo
“Is It An Easy Life?”
Le Pop Club/ La Montagne Sacrée/ WDMI
Pochette dessinée au crayon, textes griffonnés à l’intérieur de la pochette : pas de doute, c’est un album de rock garage lo-fi. Les Leopardo sont suisses et menés par un chanteur qui s’est lancé dans ce projet pour séduire une fille à coups de chansons d’amour psychédéliques et désabusées. On ignore si le projet a atteint son objectif, mais les neuf titres proposés sur cet excellent premier album devraient séduire les fans de Country Teaser, Kaviar Special ou des productions Burger Records.
45 tours The Reflectors
“Teenage Hearts” Time For Action
Power pop ! Pour son premier single, ce jeune quartette californien a choisi la voie tracée par Undertones et Nerves. A vrai dire, The Reflectors n’inventent rien, mais on ne peut que céder devant une mélodie aussi évidente et un tel savoir-faire.
OM
“BBC Radio 1” Drag City
Groupe stoner (tendance doom) monté à l’origine par la section rythmique des titanesques Sleep, OM a récemment été invité dans les studios de la BBC pour revisiter quelques morceaux de son répertoire. Devant l’enthousiasme généré par ce passage radio, la formation publie sur un double vinyle bicolore (au format 25 cm) les quatre morceaux enregistrés lors de cette session. Le son est majestueux, l’objet très seyant.
A-Moms
“Strawberry Cheesecake” Third Man
En 2018, Third Man exhumait plusieurs inédits des A-Moms de Detroit, par le biais d’une excellente compilation qui remettait en lumière ce groupe contemporain de Destroy All Monster et Sonic’s Rendezvous Band. L’entreprise de Jack White réédite aujourd’hui l’unique single du groupe, sorti en 1979. Pourquoi “Strawberry Cheesecake” n’est-il pas devenu un classique absolu ? Les voies du hitparade sont impénétrables.
Long Hots
“Nickel & Dime” Third Man
S’il se spécialise de plus en plus dans les rééditions classieuses, Third Man persiste toutefois à signer de nombreux groupes à l’esthétique ultra lo-fi et à l’approche amateur. Que ce soit avec The Stools ou David Nance Group, le label publie de nombreux singles d’artistes garage un peu louches. Mention spéciale aux filles de Long Hots, parfaites sur les deux faces de cet excellent single.