Rock & Folk

Solo de batterie à coups de baguettes de pain

- decency common

Pas de saxo ce soir, mais, pendant les premiers morceaux, une pedal steel violentée d’une manière qui, à Nashville, vaudrait une excommunic­ation immédiate. La masse sonore flirte en permanence avec les 115 dB ! Deux reprises en disent long, “Helter Skelter” et “Get Down And Get With

It” (façon Slade, 1971)... JEAN-WILLIAM THOURY

A Certain Ratio 25 OCTOBRE, PETIT BAIN (PARIS)

Quarante ans après le premier maxi produit par Martin Hannett, ACR perpétue en live ce mélange de funk glacial et de new wave qui a fait sa réputation auprès des connaisseu­rs. Avec Jeremy Kerr en chanteur/ bassiste plus le batteur et le guitariste/ trompettis­te des débuts, le groupe balance ses classiques undergroun­d (“Do The Du”, “Flight”, “The Fox”) et reprend “Houses In Motion”, le titre de Talking Heads qu’ils devaient produire pour Grace Jones en 1980. En fin de set, les musiciens s’échangent leurs instrument­s et reviennent en rappel avec une jam brésilienn­e, “Si Fermir O Grido”, de la samba postmodern­e jouée par des lads de Manchester qui n’ont pas perdu leur goût pour l’exotisme électroniq­ue et les rythmiques d’airain. OLIVIER CACHIN

Sean O’Hagan 25 OCTOBRE, GONZAI NIGHT, MAROQUINER­IE (PARIS)

C’est en écoutant un artiste dépouillé de ses musiciens que l’on peut mesurer l’étendue de son talent. Quand O’Hagan entame les premiers accords de “The Dutchman” (“Gideon Gaye”, 1994), le spectateur est emporté ailleurs. Bien sûr, Sean avec son humour autodépréc­iateur fait preuve d’une grande classe tout au long de son set. Une

(pour citer Orwell) que l’on aimerait retrouver plus souvent ailleurs. L’avenir de la pop mélodique est là.

Puis le spectacle se clôt avec une interpréta­tion élégiaque de “On A Lonely Day (Ding, Dong)”. JEAN-EMMANUEL DELUXE

Adam Green 25 OCTOBRE, GAITE LYRIQUE (PARIS)

Enfant surdoué de l’anti-folk, troubadour arty, poète ou crooner urbain, Adam Green, précédé de “Kokomo” des Beach Boys, l’une de ses chansons préférées, débarque sourire aux lèvres, débarrassé de ses vieux démons et de toutes ses casquettes, à l’exception de celle qu’il porte ce soir.

La presque quarantain­e épanouie, l’ancien Moldy Peaches enchaîne pas de danses loufoques sur les incontourn­ables “Cigarette Burns Forever” et “Emily”, avant d’être rejoint par Jackie Cohen, qui assure sa première partie, sur “Drowning Head First” pour un duo tellement mielleux qu’il en devient goguenard. A la demande générale, le New-Yorkais, francjeu, exécute son plus gros tube “Jessica” avant d’inviter le public hystérique à le rejoindre sur scène pour un turbulent rappel et la mélodie sautillant­e de “Dance With Me”. MATTHIEU VATIN

The Legendary Tigerman 26 OCTOBRE, 104 (PARIS)

Dans les anciennes et monumental­es pompes funèbres du nord de Paris, où il vient de passer quelques mois en résidence pour les besoins de son nouvel album, The Legendary Tigerman célèbre ce soir les dix ans de “Femina”. Avec des films en Super 8 granuleux, un saxophone à la Morphine et surtout de talentueus­es chanteuses comme Cibelle, DeLaurenti­s, Cláudia Efe et Sarah Rebecca, Paulo Furtado offre derrière ses verres fumés sa relecture du blues du Delta, latine, sensuelle et convaincan­te, parce que rompue aux choses de la technologi­e. Une poignée de reprises de chansons bien choisies de Nancy Sinatra, Suicide et Daniel Johnston épicent ce concert bien rempli, dont on ressort le coeur en flammes, mais l’âme ragaillard­ie.

VINCENT HANON

The Monochrome Set 26 OCTOBRE, PETIT BAIN (PARIS)

The Monochrome Set est avant tout le projet de Bid, le dandy de Londres, qui ce soir a joué des titres de ses albums récents comme “Super Plastic City” (2013) ou “La Chanson De La Pucelle”, extrait de “Fabula Mendax”, son dernier album à propos d’une certaine Jeanne brûlée à Rouen. Le public, composé de fans, a également eu droit aux tubes que sont “The Jet Set Junta” ou “The Ruling Class”, extraits du chefd’oeuvre “Eligible Bachelors” qui inventa l’indie pop en 1982. JEAN-EMMANUEL DELUXE

The Libertines 27 OCTOBRE, OLYMPIA (PARIS)

Si le doute était permis, cette première date de la tournée européenne des Britanniqu­es prouve que l’alchimie entre Peter Doherty et Carl Barât est intacte. Tout au long du concert, les deux compères cabotinent, mêlant dans un joyeux bazar discours incompréhe­nsibles, décomptes en allemand et digression sur la traduction du mot cochon. Le groupe enchaîne les refrains imparables (“Can’t Stand Me Now”, “Up The Bracket”) et les moments plus poignants comme sur “You’re My Waterloo“où Carl accompagne Peter au piano. Le public en redemande, chantant en choeur sur la délicate “What Katie Did” avant de rentrer en fusion aux premières notes de “Don’t Look Back Into The Sun”. La fin du concert voit se télescoper reprise (“Dream A Little Dream Of Me”) et raretés (“Bangkok”, “Skag & Bone Man“) avant que Peter, juché sur les épaules de Carl, ne quitte la scène sous les vivats. DIMITRI NEAUX

The Divine Comedy 28 OCTOBRE, SALLE PLEYEL (PARIS)

D’un concert de Neil Hannon dans une salle où Frédéric Chopin a donné quelques gigs, on pouvait attendre quelque chose de chic, avec cordes et belle tenue. Mais l’Irlandais l’a déjà fait, magnifique­ment. Il vient de sortir un drôle d’album synthétiqu­e sur la vie de bureau et l’assume : dans un décor rappelant justement la série “The Office”, le spectacle s’intéresse au côté moderne de sa discograph­ie. Il démarre sur “Europop” (un titre du premier album), passe en revue “Generation Sex”, “Indie Disco” ou “Come Home Billy Bird”. Tout cela rappelle, qu’un temps, Divine Comedy fut un concurrent de Pulp. Certes, voir ce dandy habillé comme Vincent Lagaf (costard et cravate rouges, chemise noire) rapper sur un beat électroniq­ue ou chanter une ode aux synthétise­urs est assez incongru. Tant mieux, non ? Qui d’autre dans sa catégorie pour tenter des choses ?

BASILE FARKAS

Michael Monroe 29 OCTOBRE, MAROQUINER­IE (PARIS)

O joie ! Un mardi soir au soleil, Michael Monroe est enfin en ville, entouré d’un fantastiqu­e groupe glam punk qui ne fait qu’un avec lui. Pour la troisième fois sur une scène française en quarante ans de parcours, le chanteur blond bondissant met les doigts dans la prise sur les chansons les plus rapides de “One Man Gang”, avant d’évoquer la gentrifica­tion de Londres et New York avec mélancolie, mais aussi une foi inébranlab­le dans la contagion du rock’n’roll et le plaisir d’en jouer. C’est sur une explosion de hits d’Hanoi Rocks et Demolition 23, et un bouquet final cueilli en “1970” chez les Stooges, que le magicien finlandais vient saluer le public et dire à bientôt ! VINCENT HANON

The Detroit Cobras 30 OCTOBRE, GIBUS (PARIS)

Rangs serrés dans l’ancien club punk et le grand retour des pétroleuse­s du Michigan : fans de la première heure mais également jeunesse en blouson noir sont au rendez-vous pour enfin apprécier sur scène le cultissime groupe garage spécialisé dans les reprises d’obscurités soul. Rachel Nagy, Mary Ramirez (lunettes de vue sur le bout du nez) et le groupe paraîssent un peu à la ramasse dès la nouvelle vieillerie “I Can’t Go Back”. Le tubesque “Cha-Cha Twist” semble avoir été peu répété et les pains sont multipliés sur “Ya Ya Ya (Looking For My Baby)”. Peu importe, la musique est jouée comme il faut : avec conviction et coeur. Rachel, la voix miraculeus­ement intacte, allume sa première cigarette pour le rappel et un douloureux mais somptueux “Cry On”. Laissant au bout d’une courte heure les adeptes du sans houblon désabusés et les autres aux anges, à la recherche d’un dernier shot de whisky. MATTHIEU VATIN

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Adam Green

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