Rock & Folk

STARCRAWLE­R

Pas encore en âge de boire de l’alcool chez lui, le groupe californie­n sort un deuxième album rageur comme au temps du grunge.

- Sacha Rosenberg

STARCRAWLE­R ? 4 POTES DE LYCEE, SUR LES ROUTES DEPUIS 5 ANS, plébiscité­s par Dave Grohl et Elton John et, aujourd’hui, un deuxième album maîtrisé mais frais. Et le tout avec une moyenne d’âge qui culmine bas : seulement 20 ans. “On sent qu’on vieillit quand même, mon dos commence à me faire mal”, lâche Henri Cash, le guitariste. “Moi, la trentaine est mon plus grand cauchemar !”, renchérit Arrow de Wilde, la chanteuse. On en reparle en 2029.

Un truc un peu ringard

ROCK&FOLK : L’album s’appelle “Devour You” (“Te dévorer”). Est-ce que c’est une menace ?

Arrow de Wilde : Oui, ça peut l’être. L’idée vient d’un article qui titrait : “Dévorer les jeunes”. J’ai trouvé ça cool mais un peu long, alors c’est devenu “Devour You”. Ça résume bien l’album. Il te prend, t’avale... Te dévore !

R&F : Sur l’album ou en live, tout est joué chez vous. Pas d’ordinateur­s, pas de bandes sur scène. Vous trouvezvou­s à part dans cette nouvelle génération ?

Arrow de Wilde : C’est vrai qu’on peut paraître un peu en décalage. Je veux dire, même les groupes qui jouent de la guitare sur scène ont des bandes, avec du clavier, des rythmiques.

Henri Cash : C’est cool pour les autres, mais pas cool pour nous.

Arrow de Wilde : Je ne saurais même pas comment on s’y prendrait pour faire ça. Ce n’est pas une volonté, on ne se dit pas : “Tiens, faisons de la musique de cette façon là et pas autrement”, mais, à mon avis, si j’essayais de faire de la musique entièremen­t sur un ordi, ça serait mauvais. Très mauvais.

Henri Cash : Et puis, c’est plus personnel quand c’est réel que quand il y a simplement la même bande qui tourne tous les soirs. Nous, ça peut être différent chaque soir, ça peut foirer, tu ne touches pas forcément les cordes de la même façon... Chaque soir est unique.

R&F : Que pensez-vous de l’état du rock aujourd’hui, qui s’est fait dépasser par le hip-hop et l’électro ?

Arrow de Wilde : C’est vrai, les gens regardent le rock comme un truc un peu ringard... Mais ça revient. C’est encore undergroun­d, mais ça revient. On rencontre de plus en plus de jeunes qui sont excités par ce style.

R&F : Vous tournez depuis l’âge de 15 ans, vous avez quasiment grandi sur la route. C’est difficile ?

Arrow de Wilde : Non... Je pense que c’est même plus simple. Quand t’es plus vieux c’est galère, tu as des obligation­s, un travail, une femme, des enfants... Nous, on sort juste du lycée, on a donc la chance de n’avoir aucune grosse responsabi­lité. A partir d’un certain âge, c’est compliqué de s’extraire d’une vie normale. Après, en tournée, on apprend ce qu’est la vraie vie. D’une manière différente qu’en travaillan­t ou qu’en allant à la fac. Henri Cash : A 15 ans, tu es un adulte. On ne nous a pas volé notre enfance, on n’a pas été michaeljac­ksonisé !

Austin Smith : C’est vrai que ça peut paraître anormal de tourner autant, de voyager autant à notre âge, mais pour nous, c’est le quotidien.

R&F : Pour cet album, vous avez travaillé avec Nick Launay, qui a travaillé avec Nick Cave, Killing Joke, PiL, Arcade Fire ou les Yeah Yeah Yeahs. Arrow de Wilde : Il nous a permis de vraiment développer notre son. Pour le premier album, tout était très brut, très direct. Il nous a poussés à aller plus loin. A réfléchir davantage, à mettre plus de nuance. En plus, il était vraiment très à l’écoute, pas le genre de gars qui décrète : “Il y a deux méthodes : la mienne ou la mauvaise.”

Henri Cash : C’est sûr que ce n’est pas un mec comme Phil Spector qui arrive avec un flingue, le pose sur la console et te dit : “Bon, on va faire une prise et t’as intérêt à ce qu’elle soit bonne !”

Quelques gouttes

R&F : Arrow, vous êtes connue pour votre personnage scénique. Un mélange de Marilyn Manson, Alice Cooper et “Braindead” ! Or, là, vous êtes toute calme. La folie, ce n’est que sur scène ? Arrow de Wilde : Clairement, si tu me demandes de soudaineme­nt faire la folle, d’être sauvage, je ne pourrais pas le faire... Mais, quand je suis scène... Il y a eu un vrai déclic quand je me suis retrouvée devant un public. Tu sais qu’à cause du faux sang qu’on utilise, plein de promoteurs ont menacé d’annuler des concerts ? Ils croyaient qu’on allait ravager les salles ! Du coup, je leur disais : “OK, je ne le ferai pas” et, au final, comme ce n’est que quelques gouttes, on n’a jamais rien sali. Ce n’est pas pire que de la bière !

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R&F

JANVIER 2020

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