Rock & Folk

COWBOYS FROM OUTERSPACE

Gardien de la flamme bien connu, le groupe marseillai­s publie en vinyle sa première compilatio­n, sur le label local Lollipop. Gloire au rock garage aïoli energy.

- Samuel Ramon

ON L’OUBLIE SOUVENT, mais le sud de la France a, depuis des décennies, été le vivier d’une flopée de groupes tous plus dingues les uns que les autres : Needs, Jerry Spider Gang, Hatepinks, Neurotic Swingers, Briefs et, dernièreme­nt, Pleasures (dont le dernier clip est coréalisé par Benoît Sabatier). Tous sous la bannière marseillai­se du label Lollipop Records, dirigé notamment par Stéphane Signoret, qui, comme Stax ou Born Bad, possède son propre magasin, mais fait aussi bistrot ! C’est beau. Et Lollipop vient de sortir la première compilatio­n en vinyle des mythiques Cowboys From Outerspace.

En selle pour la revue de troupes.

Le flambeau

ROCK&FOLK : Début de l’histoire ? Stéphane Lollipop : On a ouvert la boutique en 2006 avec Paul (ancien du disquaire Music Machine, Paris) fraîchemen­t muté à Marseille, au pire de la crise du disque. Le geste ressemble à un suicide commercial mais, si je ne l’avais pas fait, ça aurait été un éternel regret. Depuis douze ans, on organise des showcases, des exposition­s, des apéros, etc. L’essentiel était de proposer autre chose qu’un simple disquaire. Lollipop Records existe depuis 1996 et, via les Gazolheads et le succès des concerts que nous organision­s alors, une armada de groupes s’y sont ralliés spontanéme­nt pour devenir une véritable scène, début 2000. Ça coïncide exactement avec la renaissanc­e du rock, ces disques américains qui portaient haut le flambeau après l’hégémonie électro des années précédente­s. Il faut dire que les journalist­es de l’époque avaient du mal à voir en Marseille autre chose qu’un bastion du hip-hop et de l’OM. Ainsi, j’ai proposé de sortir en 2002, l’album “Space-O-Phonics Aliens” des Cowboys From Outerspace (disque du mois, R&F 422) et en 2015 — alors qu’ils

étaient en rupture avec le label Nova Express du regretté Lucas Trouble — nous avons relancé les hostilités avec un nouvel album et cette compilatio­n démente, qui retrace leurs précédents méfaits, sous une pochette signée Olivier Gasoil, l’homme en charge des visuels de nos singles.

R&F : Michel (chanteur et guitariste des Cowboys From Outerspace), vous qui avez fréquenté Lucas Trouble, comment expliquez-vous qu’un type ne jurant que par le matériel analogique n’ait sorti que des CD ? Michel Basly : C’était là tout le paradoxe du Kaiser Lucas Trouble. Il trouvait, à l’époque, que le vinyle était de mauvaise qualité et que le CD pouvait permettre d’allonger la durée d’un disque. Les longues négociatio­ns étaient inutiles, c’est toujours lui qui avait le fin mot de l’histoire.

R&F : Votre dernière pochette est un clin d’oeil à celle du premier album d’Elvis Presley...

Michel Basly : Olivier Gasoil nous l’avait déjà proposée et ça me gênait vraiment d’apparaître seul sur le recto. Mais, à la réflexion, elle montre tout ce que l’on apprécie vraiment : Elvis, le rock pionnier, les Cramps, Clash, Elvez...

R&F : Vous avez un morceau phare ? Celui que vous jouez sur scène quoi qu’il arrive. Michel Basly : “Choke Me Up” en point d’orgue. Ou, sinon, “Slow Death”, un des standards des Flamin’ Groovies.

Revenir aux bases

R&F : D’habitude, lorsqu’un groupe sort une compilatio­n, cela sent la fin de contrat ou la fin tout court. Pourquoi la sortir maintenant ?

Michel Basly : Stéphane nous a fait ce cadeau, celui de célébrer notre parcours mais, surtout, il avait envie de sortir et de pouvoir écouter ces morceaux en vinyle. Attention, je trouve le format CD très bien, mais j’en écoute rarement. Revenir aux bases, voilà ce qui comptait lorsqu’on était gosses. On l’a appelé “The Worst Of”... On n’allait tout de même pas mettre “The Best Of”. On a aussi pensé à rendre un hommage à la série “Les Rois Du Rock”. Le volume consacré à Chuck Berry est un des premiers disques que j’ai achetés. “Roll Over Beethoven” m’a rendu complèteme­nt dingue ! Comme Dr Feelgood, période Wilko Johnson, que j’ai eu la chance de voir sur scène à l’époque, tout comme les Cramps avec Bryan Gregory. Ça marque à vie, ça ne s’oublie jamais !

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