Mauvais doigt, bonne pioche

Classé sous-Beatles, voilà Badfinger faisant du sur-Wings

01 “Straight Up” (1971)

Rien à jeter. Production parfaite de Rundgren et Harrison. Sommets : “Name Of The Game”, “Perfection”, “Flying”, “It’s Over”, et les deux hits, où Pete Ham parle d’une petite copine du Kansas : “Baby Blue” et “Day After Day” (Harrison joue de la guitare slide, Leon Russell du piano — une seule prise). Big Star fera aussi fort avec “#1 Record” — mais quatre mois plus tard.

02 “Wish You Were Here” (1974)

Classé sous-Beatles, voilà Badfinger faisant du sur-Wings. Production de Chris Thomas qui n’a rien à envier à d’autres réussites de 1974, “Eldorado” (Electric Light Orchestra), “Sheet Music” (10cc), “Radio City” (Big Star) ou “Crime Of The Century” (Supertramp). Soufflants : “In The Meantime/ Some Other Time”, “Know One Knows”, “Meanwhile, Back At the Ranch/ Should I Smoke”, “Dennis”...

03 “Magic Christian Music” (1970)

A son meilleur (“Knocking Down Our Home”, “Carry On Till Tomorrow”, “Come And Get It”, “Crimson Ship”, “Beautiful And Blue”), la bande fusionne la sophistication de Kaleidoscope et l’électricité de The Move. Et oui, on pense aussi aux Beatles.

04 “Badfinger” (1974)

Très varié, il y a même du funk. La constante, c’est la grâce mélodique (surtout la face B), avec “Where Do We Go From Here?” et la merveilleuse balade composée par le batteur, “My Heart Goes Out”.

05 The Iveys “Maybe Tomorrow” (1969)

Pop classique et légèrement baroque dans la lignée de Honeybus ou des Bee Gees. Toutes les compositions ne sont pas du niveau de “I’ve Been Waiting” et “Yesterday Ain’t Coming Back”, mais déjà le potentiel de Badfinger est là.

06 “No Dice” (1970)

Comment se débarrasser de la comparaison avec les Beatles ? En alourdissant le son, façon Status Quo ? Prémonitoire : “We’re For The Dark”.

07 “Ass” (1973)

Ham, comme Evans, ne signe que deux morceaux (pas géniaux). Molland tire trop la couverture à lui mais, en même temps, écrit la meilleure chanson (“Icicles”).

08 “Head First” (2000)

Composé en 1974, rejeté par Warner, enfin commercialisé 26 ans plus tard. A la production : Kenny Kerner et Richie Wise, les types derrière Kiss — d’où la tendance hard. Kerner et Wise s’occupaient aussi de Stories, groupe où avait échoué Michael Brown, génie de The Left Banke. Pareil, Badfinger glisse vers un son AOR (popularisé plus tard par Foreigner). Malgré tout, encore d’excellentes chansons — surtout “Back Again”.

09 Pete Ham “Golders Green” (1999)

Des chansons pas terminées, les démos n’ayant pas été cooptées par ses camarades — “Makes Me Feel Good” aurait pourtant mérité une place sur un Badfinger. Ham a droit à deux autres albums posthumes : morceaux encore moins aboutis, encore plus mal enregistrés.

10 “Airwaves” (1979)

Un peu moins tâcheron que l’ultime “Say No More”. “Steal My Heart” sonne presque comme du Buggles. Il en va de même pour les disques solos d’Evans (un) et Molland (cinq) : pas de quoi se relever la nuit. BS