Warmduscher
“Tainted Lunch”
THE LEAF LABEL/ DIFFER-ANT
Was passiert ? Warmduscher veut dire amateur de douches chaudes en allemand. En Français, quelqu’un qui aurait globalement du mal à sortir de sa zone de confort. En activité instable depuis cinq ans, le collectif anglais composé de membres fluctuants de Fat White Family, Paranoid London et Insecure Men a pigé comment faire perdurer les rêves européens, et en propose un aperçu avec son troisième album enregistré en quatre jours par Dan Carey (Black Midi, Kate Tempest, Fontaines DC). En ouverture de “Tainted Lunch”, c’est Iggy Pop en personne qui annonce la couleur. Sur fond d’images cheap et gonzo (“Disco Peanuts”), Warmduscher joue un funk cradingue aussi démentiel que fédérateur (“Midnight Dipper”), avec quelques interludes lounge, bruits d’animaux et sons de sexe au coeur du feedback. Emmené par la voix acrimonieuse de Clams Baker Jr, qui hurle parfois comme si Mark E Smith tapait le boeuf avec Lubricated Goat, Warmduscher pratique l’humour burlesque et chaloupe sur un groove foutraque qui rappelle aussi les télescopages hip-hop et punk des Beastie Boys. Kool Keith débarque même pour rallumer le barbecue quand la fête bat son plein (“Burner”). Jouant également avec les limites du psychédélisme, le groupe de Brixton sait prendre le temps de regarder la neige tomber dans l’arrière-boutique (“Tiny Letters”), évoque le sujet de la vidéosurveillance dans la salle de repos, et affirme surtout que “l’amour est vrai”. Bref, ce “Tainted Lunch” laisse des traces durables qui ne sentent pas le sapin. Nul besoin de comprendre la langue de Shakespeare pour kiffer le retour des freaks pour les fêtes.
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VINCENT HANON