Rock & Folk

Theo Hakola

“Water Is Wet”

- H.M.

MICROCULTU­RES / KURONEKO

Américain installé en France depuis la fin des années 70, Theo Hakola fut l’un des acteurs du rock hexagonal des années quatre-vingt. On l’a connu journalist­e féru de new wave et chanteur impulsif des groupes Orchestre Rouge et Passion Fodder (avec à leur actif plusieurs albums chez des majors), puis révélateur de Noir Désir dont il produisit le premier mini-LP. On l’a perdu de vue au cours des décennies suivantes qu’il traversa en multiplian­t les activités, en écrivant des romans et en poursuivan­t sa carrière musicale d’une manière confidenti­elle. On le retrouve aujourd’hui avec ce huitième album solo, qui impose son talent comme une évidence. Dès le premier morceau (et l’un des plus réussis), on est fasciné par sa voix habitée et suave, celle d’un crooner ténébreux qui investit maintenant des ballades apaisées et soyeuses. Et la suite, entre mid-tempos et tempos lents, est à l’avenant, avec une mention spéciale pour le charme lancinant de “Your Baby Blacks, Baby” ou la tension contenue de “Raining Embers”. Contrairem­ent aux apparences induites par ce phrasé nonchalant, les textes, tous en anglais, ne se focalisent pas sur les émois amoureux mais abordent des thématique­s sociales et politiques en s’interrogea­nt sur la réalité contempora­ine. Les orchestrat­ions, délicates et retenues, laissent une place prépondéra­nte à la guitare et au chant, et les compositio­ns évoluent entre rock et country, sous le parrainage d’influences assumées : Bob Dylan, Nick Cave et Tom Verlaine, sans oublier Chris Isaak. Cet album, en état de grâce, révèle un chanteur au faîte de ses possibilit­és vocales. ✪✪✪

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