Joe Henry

“The Gospel According To Water”

EARMUSIC/ VERYCORDS

Joe Henry est un artiste rare, producteur renommé — de Solomon Burke à Joan Baez

— mais moins connu en tant que singer-songwriter. C’est ce que les Américains appellent un musicien pour musiciens : la liste des grands qui vantent ses louanges va de Jackson Browne à Lucinda Williams, en passant pas Elvis Costello, Bonnie Raitt, Rosanne Cash et Colum McCann ! Impressionnant. On l’avait découvert dans les années 1990 avec un album formidable, qui n’a pas pris une ride, “Kindness Of The World”, sur lequel jouaient entre autres les Jayhawks. Mais ce nouveau disque — son quinzième — est une toute autre affaire... Il y a du Bob Dylan làdedans, dans la démarche — une guitare acoustique et une voix, on enquille les treize titres et on verra bien —, dans les intonations et dans les textes, plutôt spirituels. Il faut dire qu’ils ont été tous écrits dans une sorte de révélation, entraînée par la découverte de son cancer. Mais rien de sinistre ici, il s’agit plutôt d’illumination. Voilà pour le fond. La forme est d’une sobriété absolue : quelques accompagnateurs ici et là, un saxophone ou une clarinette, un piano discret, une deuxième guitare, rien de tonitruant. Joe Henry possède un jeu de guitare assez élaboré, original, un vrai style (voir sa reprise solitaire du “Sunday Morning Coming Down” de Kris Kristofferson, visible sur le net, où la chanson est méconnaissable tout en restant fabuleuse). Des accords ouverts, des tonalités modales, sans résolution, un peu à la David Crosby ou Joni Mitchell. Ce qui n’est pas rien. Sa musique ne saute pas aux oreilles. Elle s’écoute, se réécoute, et s’apprécie lentement. Pour ceux qui ont le temps.

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STAN CUESTA