Yann Tiersen
“Portrait”
MUTE/ PIAS
Après un quart de siècle harmonieusement dessiné, et dans la foulée de “All” sorti en début d’année, Yann Tiersen regarde depuis le phare afin de refaire le “Portrait”. Le compositeur breton réinterprète l’essentiel de son répertoire et propose une setlist idéalement actualisée, avec trois nouvelles compositions. Inspiré par le spleen marin, Steve Reich et Michael Nyman, le multiinstrumentiste virtuose a tout enregistré à l’Eskal, un studio analogique construit dans une ancienne discothèque située à Ouessant, île du bout du monde où il vit. Devenu mondialement célèbre avec la musique du “Fabuleux Destin D’Amélie Poulain”, plus mal compris qu’incompris au pays, Yann Tiersen s’est mis à rêver à d’autres horizons à force de respirer l’air du grand large. Resté ailleurs voir qui il était, Tiersen confie l’introduction druidique à Stephen O’Malley, guitariste drone metal de l’expérimental Sunn O))), qu’on retrouve aussi à la fin de l’album pour réciter avec John Grant un texte en faveur de l’environnement. Ses classiques comme “Rue Des Cascades”, “Comptine D’Un Autre Été” ou “Monochrome”, chantée par Gruff Rhys avec Emilie Tiersen, apparaissent dans de définitives versions épurées. Sans l’accordéon mais avec un piano-jouet et un harmonium, “The Waltz Of The Monsters” colle le frisson, et “Closer” frôle, avec Blonde Redhead, une chimérique perfection. Du lourd sur triple vinyle et double CD pour une musique limpide et simple, moins légère qu’il n’y paraît et pleine de temps suspendus, qui s’apprécie au casque tard le soir, pour mieux en explorer chaque recoin. Un “Portrait” dont on n’a pas fini de faire le tour. ✪✪✪ VINCENT HANON