Rock & Folk

Pleasure Principle

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“Pleasure Principle”

BORN BAD

Un hédoniste averti en vaut deux.

Et Paul Ramon, l’homme derrière Pleasure Principle sait de quoi il parle. Encore à ce jour, mardi 3 décembre 2019, il a été aperçu, à 13 h 30, la tête enroulée dans une écharpe et une chapka, les pupilles en reptile, conversant business dans son portable tout droit sorti de la poubelle d’un dealer. Cette petite saynète, anecdotiqu­e certaineme­nt, donne pourtant une idée assez claire du genre de musique du zouave : elle est au-delà d’à contre-courant. Pleasure Principle nage simplement dans ses propres eaux. Que Ramon définit lui même ainsi : “entre krautrock synthétiqu­e, dancehall lo-fi, Manchester sound enregistré avec des jouets, rock à la Velvet et Memphis rap pour enfants.” Pour les textes, il invoque les Négresses Vertes et Julien Gracq, ce qui offre une définition longue et exhaustive que le critique musical n’essayera même pas de dépasser. La chanson “Dernier Homme” et son unique phrase (“seul dans la nuit je n’ai besoin de personne”) ravit les enfants de 9 mois, “Venera 16” s’impose au moment où se pose la question de prendre, ou non, la deuxième moitié du buvard, les femmes de tout bord politique dansent sur “J’attends La Bombe”, les hommes de toute couleur de cheveux trinquent sur les 13 morceaux de l’album. Composé de nuit dans la chambre d’une fun house montmartro­ise et mixé par Olivier Demeaux de Cheveu, “Pleasure Principle” est l’un des disques les plus libres jamais sortis en Hexagone. Ça part dans tous les sens, certes, mais ceux qui croient à une blague vont avoir une mauvaise surprise : le live, avec la fine fleur de l’undergroun­d français, déchire encore plus. Nous voilà prévenus : cette chose peut devenir énorme. ✪✪✪ 1/2 THOMAS E. FLORIN

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