Pour payer leur loyer
Rééditions, nouveautés et 45 tours : le point sur les meilleurs microsillons du moment.
Todd Rundgren
“A Wizard, A True Star”, “Faithful”
Music On Vinyl
La campagne de rééditions de l’oeuvre de Todd Rundgren se poursuit chez Music On Vinyl, avec deux des références les plus étonnantes de l’artiste. Commençons par “Faithful”, disque enregistré en 1976 dans lequel le chanteur a décidé de recréer ses morceaux préférés des années 60. Il clone ainsi méticuleusement des classiques de Bob Dylan, Beach Boys, Yardbirds et Beatles sur une face du disque avant d’envoyer des chansons pop de son cru en face B. Un disque étrange, mais finalement bien sage si on le compare à “A Wizard, A True Star”, chef-d’oeuvre halluciné de l’artiste dans lequel Rundgren enterre des mélodies pop sous des couches d’effets psychédéliques. Un des disques les plus excentriques de tous les temps, un trip mi-vaudeville mispace qui revient en édition numérotée sur vinyle bicolore. Absolument indispensable à toute discothèque qui se respecte.
David Bowie
“Space Oddity” Parlophone
Il y a cinquante ans, David Bowie enregistrait le single “Space Oddity” qui allait enfin permettre à sa carrière de décoller après de nombreux essais infructueux. Un single sublime qui allait précéder un premier album d’excellente facture. Sans qu’on sache trop pourquoi, Parlophone a demandé à Tony Visconti de proposer un nouveau mix de cet album qui n’en avait pas vraiment besoin.
Cela sonne bien, même s’il est toujours déstabilisant d’entendre de nouvelles choses dans des chansons entendues mille fois. Outre le retour du morceau “Conversation Piece” dans le tracklisting, cette réédition propose une jolie pochette à fenêtre.
PLVG
“PLVG” Monster Melodies
Nommé d’après les initiales de ses quatre membres — Jean-Claude
Poligot, Denys Lable, Stéphane Vilar, Philippe Gall —, PLVG était un groupe de rock progressif formé au début des années 70 par la crème des musiciens de studio français. Pour payer leur loyer, les musiciens accompagnaient Julien Clerc sur scène, dont ils ouvraient fréquemment le spectacle en tant que PLVG. Quand ce dernier s’est fait larguer par France Gall (partie rejoindre Michel Berger), il a décidé, en représailles, de se passer des services de son groupe (dans lequel jouaient le frère et les cousins de France), entraînant ainsi la disparition de PLVG. Il reste aujourd’hui quelques enregistrements du quartette, que publie aujourd’hui Monster Melodies (avec, comme toujours, vinyle coloré et divers goodies).
Thésaurus Volume 4
“Inédits Punk/ Cold/ Synthpop 1979-1984” Caméléon
Caméléon sort le quatrième volume des compilations Thésaurus, dédiées à l’underground français des années punk et, comme toujours, la somme de morceaux inédits plus étonnants les uns que les autres qui habitent ces deux vinyles impressionne. Ce volume — qui compte pas moins de 30 titres — s’intéresse particulièrement à la période cold ou synthétique et propose son lot d’étrangetés. Si Hologram et Vortex sont formellement excellents et convainquent sur les quelques pistes que leur propose la compilation, on ne peut s’empêcher de bloquer sur le nihilisme minimaliste de Buck Danny’s (“I Sing In The Charts”) ou l’excentricité de Noids (“You They Me”).
Josephine Foster And The Supposed
“All The Leaves Are Gone” Fire
Il faut le reconnaître : nous sommes nombreux à être complètement passés à côté de Josephine Foster lorsqu’elle sortit son premier album en 2004. Quinze ans après sa sortie initiale, “All The Leaves Are Gone” revient en vinyle et la claque est immense. Avec
sa voix au vibrato hanté, l’Américaine chante des bluettes country-folk psychédéliques emplies de mélancolie. On pense à Linda Perhacs sur les moments tristes, Grace Slick quand le tempo s’accélère. Quelle découverte !
Lorette Velvette
“Don’t Crowd Your Mind” Mono-tone
Icône de la scène garage-punk de Memphis, membre des Panther Burns de Tav Falco, proche d’Alex Chilton et de Mick Collins (The Gories), Lorette Velvette est un personnage culte de l’underground américain. Cette compilation rassemble divers morceaux publiés entre 1991 et 1999 par l’artiste (comme les fameuses “Boys Keep Swinging” et “Godforsaken Town”), et annonce une tournée française très attendue en cette fin d’année.
Affection Place
“Affection Place” Caméléon
Beaucoup de villes se targuent d’avoir été la capitale du rock français au tournant des années
70 et 80. Parmi toutes les scènes punk locales, Lyon était l’une des plus vivaces, notamment grâce à des groupes tels qu’Affection Place, excellente formation post-punk qui navigue entre Marquis De Sade et Magazine. Dix titres inédits viennent d’être exhumés et donnent un aperçu du potentiel de ces Gones qui auraient mérité de rencontrer le succès.
Elvis Presley
“From Elvis In Memphis”, “Good Times”
Music On Vinyl
Il y a cinquante ans, sortait un des albums les plus emblématiques d’Elvis Presley. “From Elvis In Memphis” marquait la fin de son contrat avec la Paramount et, par conséquent, des bandes originales de films enregistrées à la va-vite. Relancé par son
“’68 Comeback Special”, le
King allait alors se lancer dans une soul teintée de gospel et de country pour un des rares albums intégralement parfaits de sa longue discographie. Sorti en 1974, “Good Times” est quant à lui un des derniers grands disques de son auteur avant sa déchéance artistique. Un disque chaleureux, funky par moments. Ces deux disques reviennent en édition limitée et colorée.
Nouveautés Beaten Brats
“Beaten Brats” Dangerhouse Skylab
Dix morceaux, 22 minutes. Les Lyonnais de Beaten Brats n’ont pas de temps à perdre sur ce premier album élégant et racé. Trio punk se revendiquant des Dictators et des Ramones, Beaten Brats joue un rock’n’roll nerveux dans lequel le boogie tient une place de choix. Un groupe à suivre de près.
Swamps
“Swamp The Man” Permanent Freak
Freaks du monde, réunissez-vous ! Les allumés de Permanent Freak sont allés chercher au Japon cet artiste totalement dingue qui ferait passer Hasil Adkins pour un producteur hi-fi. Swamps, un one-man-band, hurle dans sa langue natale des chansons totalement noyées dans la distorsion avec une voix de loup-garou. C’est joyeusement débile, et absolument parfait pour se remettre les idées en place après une cure de jazz ou de rock progressif.
45 tours Jean-Pierre Kalfon
“My Friend, Mon Ami” Pop Supérette
Personnage culte du cinéma français, Jean-Pierre Kalfon a longtemps hésité avec la chanson. C’est ainsi qu’il a publié en 1965 un EP contenant quatre chansons aux paroles surréalistes et traversé d’éclairs de fuzz jubilatoires (“La Guerre”). Sur la pochette — reproduite avec une extrême minutie par Pop Supérette —, Kalfon semble échappé de The Music Machine. Sur disque, il chante avec une liberté totale, entre jazz franglais (“My Friend, Mon Ami”) et proto-punk au chant incertain (“Chanson Hebdomadaire”).
SBRBS
“SBRBS” Néon Citronade
Jeune groupe rennais né des cendres de The 1969 Club, SBRBS publie son premier EP sur un joli vinyle blanc. Les guitares, lourdes et sinueuses, emmènent la pop indé du groupe vers des territoires stoner, et quelques réussites restent en tête durablement (“Life, Shapes, Now”).