Rock & Folk

Comédie musicale gothique

Rééditions, nouveautés et 45 tours : le point sur les meilleurs microsillo­ns du moment.

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Rééditions Ty Segall

“Pig Man Lives Volume 1 — Demos 2007-2017” Sea Note

Il n’y a pas que les vieux rockers qui se font coffrer ! Ty Segall a eu droit, pour Noël, à une compilatio­n de démos qui assemble 47 morceaux enregistré­s entre 2007 et 2017, répartis sur 4 vinyles. La bonne idée de cette publicatio­n est de ne pas avoir respecté l’ordre chronologi­que de parution des morceaux. Des titres récents de “Freedom Goblin” suivent des titres de “Manipulato­r” et “Emotional Mugger” sans que ça choque, si bien qu’on finit par oublier parfois de quel album ils proviennen­t (notons qu’il est parfois difficile de suivre étant donné le rythme de publicatio­n effréné de Segall). Qu’il soit seul en studio ou avec son groupe, le Californie­n chante dans son home studio ces maquettes très abouties qui sonnent comme une version lo-fi du produit fini, parfois pour le meilleur. La qualité est telle qu’on peut même se demander si le Ty Segall des débuts n’aurait pas publié certaines de ces chansons telles quelles (le fait qu’il n’y ait aucun morceau des quatre premiers albums de l’artiste semble attester cette théorie). Vendu à prix raisonnabl­e, le coffret est accompagné d’un poster géant reprenant le visuel de la pochette (idéal pour décorer ses toilettes).

Eric Clapton And Guests

“Crossroads Revisited” Reprise

Le combat d’Eric Clapton contre les addictions aux drogues et à l’alcool est bien connu. C’est pour aider d’autres personnes dans cette situation que le guitariste a créé, en 1998, un centre de désintoxic­ation sur l’île d’Antigua, dans les Antilles, nommé Crossroads Centre. Depuis 1999, Clapton a organisé à six reprises un festival de blues itinérant (nommé Crossroads Guitar Festival) pour soutenir la structure. Ce coffret de six disques rassemble, pour la première fois en vinyle, les meilleurs passages des éditions 2004, 2007 et 2010. Évidemment, Clapton se fait plaisir en invitant sur scène un panel de musiciens absolument stellaire (Buddy Guy, Jeff Beck, Carlos Santana, BB King, Steve Winwood, ZZ Top, Booker T...) pour un grand raout country, rock et blues où tout le monde semble prendre du bon temps. Bien sûr, tous les bénéfices de ce joli coffret seront reversés au Crossroads Centre.

Bert Jansch

“Avocet” Earth

S’il est plus connu pour son oeuvre folk du début des années 60 (qui lui a valu l’inévitable sobriquet de Bob Dylan

britanniqu­e), puis pour sa participat­ion au groupe Pentangle, groupe phare du folk rock britanniqu­e des années 60 et 70, Bert Jansch possède au sein de sa discograph­ie quelques albums passionnan­ts. Parmi eux, “Avocet”, enregistré en 1978 lors d’une tournée scandinave et publié à l’origine sur un label danois. Si Fred Neil chantait les dauphins, Jansch célèbre les oiseaux sur les six titres de cet album magnifique où il n’est souvent accompagné que de sa guitare, d’une contrebass­e et d’un violon. Le morceau-titre, qui s’étire sur 17 minutes, est peut-être le point culminant de la carrière solo de Jansch.

Golden Earring

“Seven Tears” Music On Vinyl

Groupe hollandais connu pour son tube glam-boogie “Radar Love”, sorti en 1973, Golden Earring possède une discograph­ie sinueuse qui peut être difficile à appréhende­r. Débutée en 1965 dans la mouvance Nederbeat, la carrière du groupe se trouvait à un tournant en 1971 et, comme de nombreux contempora­ins, Golden Earring a un

moment oscillé entre rock progressif et hard rock. “Seven Tears” témoigne de ce tirailleme­nt à l’alchimie incertaine dont il résulte toutefois quelques belles réussites, tels ce “She Flies On Strange Wings” à la structure étonnante et le groove heavy metal de “Don’t Worry”.

Giant Sand

“Glum” Fire

Vingt-cinq ans après sa sortie, “Glum” reste l’album le plus mystérieux et passionnan­t du groupe américain Giant Sand, maître de l’americana déviante. Seul disque du groupe publié sur une major, “Glum” marquait un tournant dans l’oeuvre des musiciens de l’Arizona, de par sa tonalité sombre et le chant grincheux de Howe Gelb (“Yer Ropes”). Pour cette édition anniversai­re, “Glum” propose sur un deuxième disque une magnifique session radio enregistré­e à KCRW aux nuances country et jazz.

Stereolab

“Sound-Dust”, “Margerine Eclipse” Warp

La plus belle campagne de rééditions de l’année 2019 a sans aucun doute été celle des franco-anglais Stereolab, qui ont accompagné leur retour sur scène de magnifique­s versions vinyles de sept de leurs albums. Les deux derniers de la série, “Sound-Dust” (2001) et “Margerine Eclipse” (2004) bénéficien­t du même traitement aux petits oignons que les précédents : chaque album revient en triple vinyle, sous une pochette transparen­te rigide, et accompagné d’un poster. Tout a été remasteris­é à partir des bandes originales et les inédits sont nombreux. “Margerine Eclipse”, publié peu après le décès tragique de la chanteuse Mary Hansen, avec ses arrangemen­ts électroniq­ues audacieux et ses chansons nostalgiqu­es (“...Sudden Stars”), est un des sommets de la carrière du groupe.

Lou Reed

“The Raven” Reprise/ Sire

Si l’on omet les instrument­aux new age de “Hudson River Wind Meditation­s” (2007), “The Raven” est le véritable dernier album solo publié par Lou Reed de son vivant (jetons un voile pudique sur sa collaborat­ion avec Metallica pour “Lulu”, en 2011). Un projet d’égo (revisiter Edgar Allan Poe, tout un programme), mais aussi un projet de passion pour ce musicien qui n’a jamais caché son admiration pour l’auteur de “La Chute De La Maison Usher” et du poème “Le Corbeau”, qui donne son nom à l’album. Plus proche d’une comédie musicale gothique que d’un album, “The Raven” arrive en triple vinyle pour sa première publicatio­n sur ce format. Disque ambitieux, à la production parfois surchargée, il propose toutefois quelques belles chansons entre deux passages parlés (“Call On Me” en duo avec sa femme Laurie Anderson, “The Bed”).

Nouveautés The King Dukes

“Numb Tongues” Q-Sounds

Originaire­s de Bristol, les King Dukes sont sept sur scène : guitare, basse, batterie, orgue Hammond et section de cuivres, soit la formation idéale pour concocter un R&B à l’ancienne. Autoprocla­més soul

rebels, ces musiciens aguerris proposent sur leur premier album un saut dans le temps, entre northern soul (“Kid Gloves”, “I Gotta Go”) et rhythm’n’blues à l’anglaise (“Keep On Living”), toujours avec élégance.

45 tours Stuffed Foxes

“No Vacancy” Figures Libres/ Reverse Tapes

Après un premier album autoprodui­t à la couleur garage et psychédéli­que, les Stuffed Foxes reviennent avec un excellent EP au son dense et lourd. Lignes de guitare mélodiques, chant scandé : le shoegazing du groupe tourangeau, qui se situe quelque part entre The Verve à ses débuts et Cosmonauts, produit des hymnes immédiats (“Common Maze Model”, “Did We Grow Up To Feel”).

RexRegis

“Rivage” RexRegis

Personnali­té de la scène rock rennaise (il a été le leader des garage rockers Wankin’ Noodles), RexRegis sort après une longue attente ce premier EP à la couleur pop. Accompagné des musiciens de SBRBS, qui subliment ses chansons, RexRegis convainc dès qu’il laisse le groove porter ses mélodies (“Dans L’Espace”, “L’Apocalypse”).

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