Rock & Folk

Parenté vocale avec Iggy Pop

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Certains bottent en touche ou se contentent de formules lapidaires pour définir leur univers musical, d’autres n’hésitent pas à détailler la liste de leurs influences et exposent longuement leur concept créatif : les approches des autoprodui­ts

Sous le nom de Julian The Drifter officie, du côté de Toulouse, un chanteur-guitariste féru de musique traditionn­elle américaine. Depuis quelques années, il revisite des standards entre folk, blues et country, et dans son premier album, mélange allègremen­t toutes ses influences en reprenant des morceaux d’illustres pionniers (Hank Williams, Doc Watson...). Servi par une voix et un jeu de guitare convaincan­ts, mais également par l’apport de sept musiciens qui renforcent la profondeur et la délicatess­e de son propos, il rend crédible sa plongée dans l’Amérique profonde des hobos (“Lost Highway”, julianthed­rifter.wixsite.com).

Originaire de Berne, Nasty Rumours est un quartette suisse qui, depuis 2013, a repris le flambeau punk de ses modèles, Buzzcocks ou Undertones. Toutes ces années, entre de multiples tournées internatio­nales, il a égrené sur support vinyle cinq singles et un LP qui sont maintenant compilés sur ce CD : l’occasion de découvrir un punk mélodique, gai et alerte, plus proche de la power pop et de ses racines sixties que de la mouvance destroy et no future, même s’il n’a rien à lui envier en ce qui concerne l’énergie et le culte des tempos rapides (“Collection”, Combat Rock, nastyrumou­rs.com, distributi­on L’Autre Distributi­on).

Installé en Bretagne, le duo Dalva réunit, depuis 2015, un guitariste bruxellois et une chanteuse francoangl­aise. Après un travail de réarrangem­ent d’anciens textes de blues, son premier album original (avec le concours de divers musiciens) se situe au point de convergenc­e d’un rock en anglais qui peut évoquer PJ Harvey ou Portishead, de dérapages noisy qui perturbent la sérénité apparente de l’album et d’influences africaines. La voix possédée et la musique raffinée contribuen­t à donner corps à l’ambition de créer “un blues des déserts urbains” (“Rail”, dalva.be).

En piste depuis trois ans, The Verge est un quintette du Val d’Oise où l’on retrouve d’anciens musiciens de Cyclope et Minuit Boulevard, ce qui explique son excellente maîtrise musicale. Son second album retient immédiatem­ent l’attention, grâce à son mélange très réussi entre électro-pop s’appuyant sur claviers et machines, et rock vintage plongeant dans les années 70 et 80. Porté par deux voix (masculine et féminine) et des mélodies qui s’incrustent, les morceaux évoluent librement entre ces deux pôles avec une cohérence rarement prise en défaut (“Million Years”, GCP Production­s, facebook.com/theverge).

sont variées pour accompagne­r leur essai discograph­ique et l’on trouve de tout parmi les quarante-huit reçus du mois à la rédaction... Mais, comme à chaque fois, seul le test de l’écoute a été réellement déterminan­t pour les huit sélectionn­és.

Après quatre années de maturation et deux démos, Contractio­ns est passé aux choses sérieuses : le groupe s’est attaqué à son premier album. Ce quartette lyonnais a été fondé par deux membres de la scène punk hardcore locale (Bâton Rouge, Red Gloves), rejoints par deux autres activistes du cru. S’ils avouent s’être inspirés de groupes contempora­ins ou de formations garage des sixties, ils ont parfaiteme­nt réussi le passage au français avec des chansons unissant mélodies pop entraînant­es, textes à connotatio­n anarchiste et parti pris garage bien maîtrisé (“Demain Est Annulé”, Echo Canyon, lesmicrosl­yonnais.fr/groupe.contractio­ns).

Avec son premier EP 5-titres, Not Your Animal se revendique de l’ecocore et défend des “hymnes ignifugés et élégies de bord de route pour la fin du monde”. Formé récemment à Paris par trois musiciens français et un chanteur américain chevronné, ce nouveau groupe n’a pas attendu longtemps avant d’enregistre­r. Il se réclame de Nick Cave, Gun Club ou Neil Young, mais c’est la parenté vocale avec Iggy Pop qui frappe à l’écoute de plusieurs titres, notamment “Reason To Love”, le plus énergique et le plus abouti (“Not Rock And Roll”, Green Hollow Production­s, facebook.com/notyourani­mal).

La première mouture de Franck & Damien remonte à cinq ans, avec la rencontre, près de Bordeaux, d’un autostoppe­ur et d’un automobili­ste qui se découvrent une passion commune pour le folk rock américain et des artistes comme Ben Harper ou Jack Johnson. En 2017, ils décident de tester la scène avec des reprises (Rolling Stones, Dire Straits) et quelques compositio­ns originales qui constituen­t la matière de ce premier album. Une voix chaleureus­e, une guitare slide et des percussion­s : il ne leur en faut pas plus pour mener à bien leur entreprise de séduction (“You Can Find Your Way”, Soulbeats Records, distributi­on Baco).

Au carrefour du rock et du rap, Süeür affirme déjouer toute tentative d’étiquetage : “Pour les rappeurs, c’est du rock et pour les rockers, c’est du rap.” Né en 2017 sous forme de duo, la formation a évolué vers le trio avec l’arrivée d’un batteur et son premier album (qui bénéficie de l’appui d’une major pour sa distributi­on) brouille les pistes en développan­t des climats anxiogènes qui piochent dans l’électro et le rock indus alors que le chanteur s’apparente au hip-hop par son flow agile et l’intensité bavarde de ses textes francophon­es (“Süeür”, Cartel Music Agency, facebook.com/ sueurdenou­s, distributi­on Sony RCA). ❏

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