The Confession Killer
Presque heureux de son statut du tueur le plus ultime de tous les temps
Les tueurs en série les plus célèbres
(et donc les plus vicelards) ont tous eu leur biopic. Comme Albert DeSalvo, vil étrangleur de femmes personnifié par Tony Curtis dans “L’Etrangleur De Boston” de Richard Fleischer (1968). Ou John Wayne Gacy qui, quand il ne faisait pas le clown pour des enfants dans les hôpitaux, zigouillait des adolescents. Brian Dennehy l’a incarné à merveille dans le téléfilm “Le Meurtrier De L’Illinois” (1992). Ou encore Andreï Tchikatilo, cannibale ukrainien aux 56 meurtres, très bien habité par Malcolm McDowell (Alex dans “Orange Mécanique”) dans “Evilenko” (2004). Et surtout Henry Lee Lucas que Michael Rooker, stakhanoviste des seconds rôles de méchants, a joué dans le culte “Henry, Portrait D’Un Serial Killer” de John McNaughton, un des films les plus dérangeants et jusqu’au-boutiste (dans la glauquerie trash) des années 80. Une fois arrêté, le vrai Henry Lee Lucas avouera pas moins de... 300 meurtres. Voilà donc l’image qu’avait l’affreux Lucas dans la mémoire collective : celle du tueur en série le plus prolifique de tous les temps. Un homme qui a donc fait plus de victimes que Freddy Krueger, Landru, Gilles de Rais et Jack l’Eventreur réunis. Lucas serait donc détenteur de ce macabre record. Serait... Oui, car dans “The Confession Killer”, enivrant documentaire en cinq parties, la plupart des meurtres attribués à Lucas sont plus que remis en doute. Reprenons les faits...
Né en 1936, Henry Lee Lucas, fils d’un cheminot et d’une prostituée à la ramasse, a une jeunesse mouvementée. Vols, cambriolages, tentatives d’enlèvement, meurtre de sa mère, viols... Ce qui lui vaut, c’est logique, quelques années de pénitencier. Au moment où on le croyait calmé, au milieu des années 70, il se lie d’amitié avec un certain Ottis Toole, cinglé croisé à la soupe populaire et qui voue à Lucas une adoration absolue. Bras dessus, bras dessous, ils se mettent à zigouiller des quidams au hasard de leur chemin, chacun ayant sa spécialité : les flingues pour Ottis, les armes blanches pour Henry. Arrêté en 1983, Lucas confesse le meurtre non-élucidé de deux femmes avant d’avouer de fil en aiguille de nombreux autres assassinats restés irrésolus. On avance des chiffres affolants, oscillant entre 360 et plus de 500 ! Ce qui relève, évidemment, de l’invraisemblable. D’autant que certains meurtres ont eu lieu au même moment à des milliers de kilomètres de distance. Alors ? La série documentaire, riche en coups de théâtre, montre à quel point Lucas a sans doute été manipulé par des policiers texans qui, histoire de devenir des héros de l’Amérique, lui ont mis sur le dos quantité de meurtres restés sans coupable. Des meurtres que Lucas n’a jamais démentis. Pourquoi ? Parce qu’il avait un sacré grain, certes, mais, au vu des tonnes d’images d’archives disponibles dans le documentaire où on le voit cumuler des interviews avec la presse du fond de sa cellule et collaborer avec les flics, l’homme semblait presque heureux de son statut du tueur le plus ultime de tous les temps. Condamné à mort pour 19 meurtres, Henry Lee Lucas finira par mourir d’un arrêt cardiaque derrière les barreaux en 2001 après avoir, lui aussi, manipulé la justice avec une dextérité digne de Belzébuth. Passionnant