Rock & Folk

1949-2020

Stranglers

- OLIVIER CACHIN

leurs premiers balbutieme­nts. Il faut être honnête : si le son des claviers de Dave Greenfield est, avec la basse menaçante de Burnel, à la base de l’originalit­é musicale du groupe, nombre des fans de la décennie seventies étaient surtout fascinés par le parfum de scandale qui entourait le groupe, incluant striptease­uses sur scène et bastons avec des rock critics. On se souvient du catastroph­ique concert de Nice en 1980, qui valut aux Stranglers une lourde condamnati­on et leur inspira le single “Nice In Nice”. On se souvient moins que Dave fut le seul membre du groupe à ne pas être inculpé, étant le seul à n’avoir pas dit un mot pendant ce show chaotique qui se conclut en mini-émeute. Dave laissait l’appétit pour la destructio­n et l’outrage à ses trois collègues, qui s’en chargeaien­t avec talent et délectatio­n. L’histoire du groupe est ainsi pavée de hauts faits qui amusèrent la presse rock mais, sur la durée, ce qui reste est la musique. “On a toujours été fameux pour notre son de basse et de claviers, c’est une formule forte que les gens semblent apprécier”, confiait Dave, qui a d’ailleurs enregistré, en 1983, l’album “Fire & Water (Ecoutez Vos Murs)” en duo avec Burnel. Une assertion confirmée par le plus gros hit du groupe, et le plus improbable. En 1980, lors de l’enregistre­ment du concept album “The Gospel According To The Meninblack”, Dave compose une valse au clavecin avec des passages à treize temps, que le groupe écarte du tracklisti­ng. “Golden Brown” sera finalement incluse sur le disque suivant, “La Folie”, et frôlera la pole position dans les charts, offrant aux Stranglers leur plus haute place au classement (numéro 2, donc), ainsi qu’un prestigieu­x Ivor Novello Award.

Avec ses paroles ambiguës évoquant à la fois une femme et l’héroïne (“Les deux m’ont procuré des moments agréables”, déclara Cornwell avec un cynisme assumé). Dave, humble, déclarait à propos de “Golden Brown” : “Ce morceau a été notre plus gros hit à travers le monde, et il était tellement différent de ce qu’on avait enregistré jusque-là que notre public a été stupéfait. Notre maison de disques ne voulait pas le sortir en single, on a dû faire le forcing. Ceci dit, on a été les premiers surpris. De toute façon, on ne sait jamais qu’une chanson va être un tube jusqu’à ce qu’elle sorte. On ne sait même pas si elle peut avoir un impact commercial jusqu’au mix final !”

Cornwell parti et Jet Black régulièrem­ent remplacé par son jeune roadie pour problèmes de santé, Greenfield et Burnel étaient devenus les piliers du groupe, mais les Stranglers ont toujours pu compter sur une fan base solide. Dave : “Nous allons tous mourir un jour ou l’autre, mais peut-être que nos fans morts seront remplacés par d’autres qui prendront leur place. Tout dépend si les fans veulent toujours entendre nos morceaux parce que je crois que nous, on aura toujours envie de les jouer.” Hugh Cornwell, ex-Strangler depuis 1990, a célébré la mémoire de son compagnon de route sur Twitter : “Dave était la différence entre les Stranglers et tous les autres groupes punk. Son talent musical et sa nature amicale ont permis au groupe d’avoir un angle original. On doit aussi s’en souvenir comme de l’homme qui a offert au monde la musique de ‘Golden Brown’.”

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