POKEY LaFARGE
L’Américain, talentueux classiciste en prise avec l’héritage musical de son pays, publie “Rock Bottom Rhapsody”, huitième album probant.
ANDREW HEISSLER ALIAS POKEY LAFARGE, né en juin 1983, se passionne très tôt pour l’histoire, notamment la guerre de sécession, et pour la musique. Conquis par le blues de Muddy Waters et le bluegrass de Bill Monroe, il apprend la guitare et la mandoline. Après des années à jouer dans la rue, il enregistre “Marmalade” (2007), autoproduit, puis “Beat Move And Shake” (2008). Il recrute les South City Three, avec qui il livre entre 2009 et 2012 “Riverboat Soul”, “Middle Of Everywhere” et “Live In Holland”. La publication du simple “Chittlin’ Cookin’ Time In Cheatham County” et des albums “Pokey LaFarge” et “Live” par Third Man, aide à le faire connaître d’un public plus vaste. “Something In The Water” (2015) et “Manic Revelations” (2017), chez Rounder le confirment comme créateur original quoique néoclassique. Pokey LaFarge devait se produire à Paris fin avril. Malgré l’annulation du concert, et le subséquent confinement, qu’il dit vivre avec beaucoup de difficulté, il livre ici quelques réflexions sur son parcours.
Toujours un clochard
ROCK&FOLK : Malgré votre âge, vous vous êtes tourné vers des styles anciens. Peut-on en conclure que, à l’adolescence, vous avez perçu la tradition comme une forme de révolte ?
Pokey LaFarge : Quand j’ai découvert Bill Monroe, Hank Williams, Howlin’ Wolf, et d’autres, ça ne ressemblait en rien à ce que j’avais pu entendre auparavant et, oui, ça m’a paru être le plus élégant moyen d’évasion.
R&F : Ainsi, la musique peut devenir un refuge ?
Pokey LaFarge : drogue.
Non, pas un refuge, une
R&F : Vous puisez aux sources, ragtime, folk, blues, etc. Cela fait de vous une sorte d’ambassadeur de la musique américaine et de nouvelles générations vont découvrir des merveilles ?
Pokey LaFarge : J’essaie de faire de mon mieux avec les moyens qui m’ont été donnés. Je ne peux pas juger moi-même... Ce sont les autres qui ont une opinion sur ce que je fais.
R&F : Vous avez collaboré avec Jack White, participé à “I Guess I Should Go To Sleep” sur “Blunderbuss”, fait la première partie de sa tournée, le rejoignant pour chanter “Goodnight Irene” au rappel. Que vous a apporté cette aventure ? Pokey LaFarge : Elle m’a fait exister.
R&F : Votre nouveau disque sonne plutôt LA Blues. A Los Angeles, qu’est-ce qui vous a affecté ? L’alcool, la drogue, le sexe ? Pokey LaFarge : Trop de soleil !
R&F : Dans “End Of My Rope” vous dites vouloir mourir sur scène. Idéalement, ce serait à quel âge ?
Pokey LaFarge : Disons que j’espère vivre un peu plus longtemps que Jackie Wilson !
R&F : Il avait quand même 49 ans... Dans “Lucky Sometimes”, vous écrivez que même les clochards ont parfois de la chance...
Pokey LaFarge : Je serai toujours un clochard.
R&F : Dans “Bluebird”, il est question d’une fille “mélancolique comme le sont les Françaises...”
Pokey LaFarge : L’inspiration vient des Françaises que j’ai connues.
R&F : Pour “Storm-A-Comin’ ”, vous utilisez une métaphore météorologique, procédé cher à John Fogerty. Pokey LaFarge : Creedence Clearwater Revival est l’un de mes groupes préférés.
R&F : Si vous en aviez la possibilité, quel interprète choisiriez-vous pour reprendre une de vos chansons ? Et quel titre ? Pokey LaFarge : J’aimerais bien entendre Tom Waits chanter “Lucky Sometimes”.
R&F : Avant Los Angeles, vous avez vécu à Saint-Louis, Missouri, y avez-vous rencontré Chuck Berry ?
Pokey LaFarge : Je viens de Normal, Illinois, puis j’ai habité Saint-Louis pendant neuf ans. J’ai vu Chuck Berry sur scène, deux fois, et une fois au centre commercial.
R&F : Des artistes français ? Pokey LaFarge : Oh oui, beaucoup, évidemment. J’aime Georges Brassens, Boris Vian, Françoise Hardy, Edith Piaf, Henri Salvador, Yves Montand et plein d’autres...
Album
024
R&F
A tombeau ouvert
★
“Rock Bottom Rhapsody” (New West)