À LA MAISON
Qui a dit qu’en temps de confinement, il n’y avait plus de concerts ? Notre envoyé spécial sur internet s’est aventuré dans le récent et plus ou moins heureux déferlement de prestations à domicile.
At Home With Farm Aid FARM AID (FARMAID.ORG)
Willie Nelson et ses fils Lukas et Micah sont enfermés dans un ranch, que font-ils ? Ils organisent ce festival Farm Aid en ligne, avec Neil Young, John Mellencamp et Dave Matthews. Chacun leur tour, depuis chez eux, ces pickers ont redoublé de brio guitaristique pour inciter les citoyens à aider les petits agriculteurs américains, le tout pendant que des pubs pour des tracteurs géants défilaient en bas de l’écran. Instant émouvant : Willie pleurant dans sa cuisine en écoutant ses fils interpréter une chanson nommée “Turn Off The News (Build A Garden)”.
Neil Young FIRESIDE SESSIONS (NEILYOUNGARCHIVES.COM) Brian Wilson ROLLING STONE (INSTAGRAM)
Plus bizarre que jamais, Brian, en short et chemise parme, chante “Do It Again” au premier étage de sa maison, et sa voix sonne comme s’il avait oublié de mettre sa prothèse dentaire sur sa mâchoire supérieure. Légèrement aux fraises, le grand Wilson réussit à émouvoir quand viennent le break et ces suites d’accords typiques d’un homme qui a toujours vécu un peu confiné.
James Hunter
RECUEILLI PAR JEAN-EMMANUEL DELUXE
À L’INSTAR DU VELVET UNDERGROUND, mais dans un tout autre genre, les Sparks font partie de ces cupidons qui, une fois qu’ils piquent d’une flèche le coeur de l’amateur de pop, le transforment illico en fan à vie. Il était une fois deux frères, Ron et Russell Mael qui grandirent dans le quartier de Pacific Palisades. Les Mael brothers sont plutôt de mignons gamins. C’est ainsi que, sous l’impulsion de leurs parents, ils jouent aux mannequins pour des catalogues de vente par correspondance. La famille Mael est composée d’artistes comme le montrent leurs études de cinéma et de graphisme à UCLA. Traumatisés par l’invasion britannique (Who, Kinks et Move), les Mael, d’abord sous le nom d’Halfnelson et accompagnés d’amis, sortent leur premier album en 1971, sous la houlette d’Albert Grossman, manager de Bob Dylan, Janis Joplin, The Band et surtout patron du label Bearsville. C’est ainsi que sort en 1971 ce premier album produit par Todd Rundgren avec, dans les parages, le mythique frenchy, Jean-Yves Labat de Rossi alias M Frog. A partir de là, les Sparks vont visiter tous les genres, (glam rock, vaudeville, new wave, pop, disco, électro ou musique symphonique...), multiplier les producteurs de talents (de Tony Visconti à Giorgio Moroder) tout en semant des tubes, parfois différents selon les pays. C’est ainsi qu’en France le grand public les connaît surtout grâce à “This Town Ain’t Big Enough For Both Of Us” (1974), “When I’m With You” (1980) ou encore “Singing In The Shower” (1988) avec les Rita Mitsouko. Mais il serait dommage de passer à côté de leur magnifique, “The Seduction Of Ingmar Bergman” hommage de 2009 au père du “Septième Sceau” plébiscité en Suède. Par ailleurs, leur album “Plagiarism” en 1997 avec les collaborations de Faith No More, Erasure et Jimmy Sommerville illustre la diversité des artistes les ayants côtoyés : Lio, Marc Moulin, Jane Wieldin des Go-Go’s. Les Mael comptent quelques fans célèbres, de Siouxsie Sioux à Morrissey (dont les Mael se sont gentiment moqués dans leur album “Exotic Creatures Of The Deep”). Tous ces éléments forment un culte ravivé par l’arrivée du magnifique “A Steady Drip, Drip, Drip”, suivi bientôt par un documentaire et aussi par un film musical, “Annette”, signé Leos Carax.
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R&F
JUIN 2020