The Bobby Lees
Une maison rose pour Dylan et le Band ? Les temps changent. Grâce aux Bobby Lees, ou à cause d’eux, cette petite ville autrefois tranquille devient une référence pour le néo-garage. Avec une sensibilité de forcenés qu’on aurait plutôt associée à Detroit, Sam Quartin, Nick Casa (guitares), Kendall Wind (basse) et Macky Bowman (batterie) constituent un quartette à la parité parfaite (deux filles, deux garçons) et à la sauvagerie réconfortante. Par deux points ne passe qu’une seule droite. Ici, les deux points sont “I’m A Man” (Bo Diddley, 1955) et “Blank Generation” (Richard Hell, 1976), reprises par lesquelles passe le rock’n’roll des Bobby Lees.
Ils les jouent avec ce qu’il faut à la fois de respect et d’insolence, retrouvant cette hargne adossée au classicisme qui peut rappeler les premiers White Stripes. Produit par Jon Spencer, voisin géographique et stylistique, “Skin Suit” explose de saturation (les guitares, mais aussi la voix), de breaks, etc. Comme le noir et blanc de la pochette, l’absence de fioritures souligne une sincérité, une authenticité. Née à New York en 1987, Sam Quartin, par ailleurs actrice, écrit et chante l’essentiel du répertoire. Incluses dans le livret, les paroles procèdent d’un même engagement que les parties
son carnet d’adresses, ce qui a permis à nos hommes d’avoir le privilège d’aller enregistrer chez Steve Albini à Chicago. Grâce à ce dernier, le post-punk acide et anguleux de Flat Worms gagne en clarté et en muscle, révélant toute sa hargne, froidement incandescente. Il suffit d’écouter “Market Forces” ou “Via” pour se convaincre de la qualité du trio : mélodie étrangement accrocheuse, guitare frénétique et entêtante, scansion désincarnée, rythmique robotique qui cogne dur. L’atmosphère qui se dégage de ces onze titres est morbide, politisée, suintant une solitude très contemporaine. Le grinçant “The Mine” alerte sur l’épuisement des réserves d’eau alors que “Wet Concrete”, assez oppressant, évoque la paupérisation généralisée et le réchauffement climatique. Cette dystopie grisâtre que Flat Worms décrit est bien plus proche et réelle qu’on ne l’imagine et cet “Antarctica” désespéré, glacé, est un témoignage aussi remarquable qu’actuel. JONATHAN WITT mélodies ne finissait par se faire sentir sur la longueur. Car Seat Headrest convainc quand il va braconner sur le territoire de Beck (“There Must Be More Than Blood”, “Deadlines”), mais le fait que le titre le plus classique soit aussi le plus réussi de l’album (“Martin”) interroge sur cette nouvelle direction. Ni vraiment aventureux ou même provocateur (on est loin du Casablancas flippant des Voidz par exemple), “Making A Door Less Open” est trop tiède pour passionner.
ERIC DELSART
Deerhoof développe un son excentrique et frénétique qui s’écoute fort. La basse et le chant sucré de Satomi Matsuzaki alliés à la batterie et aux percussions de Greg Saunier constituent l’épine dorsale du groupe de San Francisco, brillamment soutenu par deux guitares excitantes comme sur “Sympathy For The Baby Boo”. Dissonant sans jamais tomber à côté de la plaque, “Future Teenage Cave Artists” délivre du neuf avec du vieux, passant en un clin d’oeil d’un moment décousu à un autre plus cohérent. Synthétisant à merveille l’époque confuse, Deerhoof n’hésite pas à s’aventurer, cette fois, dans la musique classique contemporaine avec le fascinant “Farewell”, qui emprunte à une symphonie du compositeur viennois Joseph Haydn. Si l’on peut aujourd’hui rêver d’un autre monde, nul doute que Deerhoof y trouve toute sa place.
VINCENT HANON (“The Way That You Live” avec son mantra pour temps de crise). Tel un musicologue du futur, Sonic Boom utilise des synthétiseurs EMS, un clavier Yamaha bas de gamme des années 80 et le très moderne OP-1. Au final, il obtient un blues-électro actuel qui parle aussi aux générations d’aujourd’hui. L’époque est devenue un roman de Philip K Dick et il serait temps de saisir la pertinence de Sonic Boom. JEAN-EMMANUEL DELUXE