Rock & Folk

Car Seat Headrest

- “Making A Door Less Open”

“Teens Of Denial”, le premier conçu et enregistré par Car Seat Headrest pour un véritable label, le chanteur Will Toledo a brusquemen­t changé de cap. Après avoir passé l’essentiel de 2017 à réenregist­rer “Twin Fantasy”, un de ses premiers albums, comme s’il avait besoin d’exorciser une vieille frustratio­n, il a décidé de prendre le temps avant de proposer des production­s nouvelles. Quatre ans se sont ainsi écoulés

(un comble pour un artiste qui avait publié une douzaine d’albums entre 2010 et 2016) avant que n’arrive ce déroutant “Making A Love Less Open” loin de sa signature pop lo-fi. Toledo a annoncé vouloir faire quelque chose de Affublé dans toutes ses apparition­s publiques d’un masque à oxygène customisé, il emmène Car Seat Headrest dans des environnem­ents électro et hip-hop où les guitares sont périphériq­ues. Dans ses moments les moins passionnan­ts, cela sonne comme un de ces disques solos de quadragéna­ires exilés de leur groupe britpop, où des sonorités funky électroniq­ues (“Weightlift­ers”) croisent la pop plastique la plus fréquentab­le (“Hollywood”). Ce grand écart stylistiqu­e pourrait fonctionne­r si l’absence de

Entretemps, via musique expériment­ale et surréalism­e, sonorités brésilienn­es et congolaise­s, le quatuor américain a su constammen­t dérouter son monde en associant techniques d’enregistre­ment DIY à de belles mélodies et une convaincan­te vision anticapita­liste. Avec un quinzième album aussi aventureux que possible, Deerhoof propose une pop tournée vers l’avenir, racontant ici l’histoire de personnes hantées par le souvenir d’un monde perdu, qui décontenan­ce par le torrent d’insolente fraîcheur que déverse toujours le groupe innovant. D’abord influencé par Beach Boys, Rolling Stones et la période électrique de Miles Davis, avec collages hip-hop aux guitares surf, qui, de 1982 à 1991, s’évertuèren­t à mettre en pratique l’axiome “Taking Drugs To Make Music To Take Drugs To”. Puis, Pierce s’est engagé sur un versant soul, rock, psyché avec Spirituali­zed tandis que Kember, sous l’alias Sonic Boom, a entrepris d’explorer la phase électroniq­ue des musiques lysergique­s. C’est en 1990 que sortit “Spectrum”, premier album magique offrant au monde ébahi une sorte de drone pop électroniq­ue que personne n’attendait. Un peu comme si Brian Wilson, John Cale et Alan Vega avaient réussi à mêler leurs ADN musicaux. Trente ans plus tard sort enfin le deuxième volume, avec un Sonic Boom désormais expatrié au Portugal. Bien sûr, sous ses avatars de Spectrum, EAR et via des production­s d’albums pour MGMT, Panda Bear, Beach House et ses amis de Dean & Britta (chez qui plane également l’ombre de John Cale) il n’a pas chômé. Cependant, pas besoin d’avoir suivi sa carrière complexe avec de nombreux labels, des split singles aussi undergroun­d que mythiques avec Thurston Moore et Don Fleming : “All Things Being Equal” se suffit à lui-même. Des titres hypnotique­s avec des montées chromatiqu­es qui titillent le romantisme de l’humain moderne

sont venus prêter main forte à Mark le maudit, et il y a aussi un duo solaire avec sa femme, Shelley Brien, sur “This Game Of Love”. Sans pathos ni strip-tease, l’ex-leader des Screaming Trees replonge sur “Ketamine” dans de fantomatiq­ues chansons de rédemption et toxicité, où il tord chaque mot pour mieux en extraire la sève. En quête de lumière, le s’enfonce dans les ténèbres sur “Skeleton Key”. Balayant, sous influence gospel, les pleurs et religions, le chanteur tourmenté porte un impitoyabl­e constat sur lui-même, affirme que ses jours sont comptés en chantant ceux qui restent, avant de ressuscite­r à nouveau. Splendide. “Straight Songs Of Sorrow”, sans se dévoiler d’un coup, se révèle son album le plus mature et passionnan­t depuis “Bubblegum”. A la hauteur de l’enjeu, loin du cirque, Mark Lanegan remet les compteurs à zéro. VINCENT HANON

Burrison. La pente, hélas, n’ira qu’en déclinant, dans une succession de refrains rock FM, avec une petite note d’espoir sur le final en deux parties (le morceau éponyme), qui montre enfin quelques variations harmonique­s. La déception aurait-elle été moindre sans les comparaiso­ns mentionnée­s plus haut ? Probableme­nt. En définitive, celles-ci ne rendent service à personne, et surtout pas au groupe. BERTRAND BOUARD

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