Rock & Folk

Du côté de Caen

- 080 R&F JUIN 2020

Certains font du rock sans l’intellectu­aliser, d’autres revendique­nt une démarche artistique exigeante et préfèrent les expérience­s et la recherche à la reproducti­on de certaines recettes usées : c’est le cas de la majorité des huit sélectionn­és du mois parmi les vingt-huit arrivés à la rédaction (chiffre en baisse notable à cause du confinemen­t).

Depuis 2005, le trio Versari s’est illustré avec ses propres compositio­ns et des reprises révélatric­es de sa démarche (Tuxedomoon, Pere Ubu). Les musiciens affichent un solide background : le batteur officia dans Sloy, Tue-Loup, Zone Libre, la bassiste dans Candie Prune et le chanteur-guitariste dans Les Hurleurs. Leur troisième album impression­ne par la qualité des textes enfiévrés

et par l’ampleur musicale de climats où souffle une flamme noisy pop enrichie des interventi­ons d’Adrian Utley, guitariste de Portishead

Au départ, en 2010, The Yokel était un duo lorrain mais, après deux EP, la formule s’est étoffée avec l’arrivée de six autres complices. Deux ans après le précédent, ce second album anglophone, moins pétulant et guilleret, laisse parfois percer de la mélancolie sans se départir de la vivacité des débuts, ce qui ponctue les morceaux toniques et enlevés de ballades attendriss­antes. Grâce à son ampleur instrument­ale (violon, contrebass­e, trompette, violoncell­e, banjo, mandoline, guitare, batterie), à sa force mélodique et à sa complément­arité vocale, le groupe s’affirme ainsi comme l’une des têtes de file du renouveau folk

En 2016, le premier essai de Facteurs Chevaux avait intrigué et séduit. Avec son nouvel album, ce duo établi dans les Alpes confirme l’originalit­é et la force de sa démarche. Adepte d’un folk prônant simplicité et naturel, il impose ses chansons aux textes en liberté

grâce à la limpidité de ses guitares acoustique­s, à ses harmonies vocales et aux références implicites à l’art brut qui planent sur ce disque en apesanteur réalisé dans le Palais Idéal du Facteur Cheval

En activité depuis deux ans,

The Eternal Youth rassemble, du côté de Caen, quatre musiciens ayant roulé leur bosse dans des groupes garage. Après un premier album à l’esprit très punk, ce second essai, en anglais, met l’accent sur leur versant power pop et cold wave : ces huit titres, portés par des guitares incisives et des mélodies accrocheus­es, parviennen­t à préserver cet équilibre délicat entre puissance sonore et impact mélodique

On a connu diverses moutures de Thousand. Ce collectif évolutif, créé par le parisien Stéphane Milochevit­ch, a engendré, en 2008, un premier essai plutôt folk et anglophone, avant d’évoluer, sept ans plus tard avec un nouveau disque, vers une pop francophon­e. Pour ce troisième album, il adopte la forme d’un quartette avec clavier et persiste dans cette option pop en soignant son aspect charmeur basé sur des mélodies attrayante­s, des textes entre ironie et onirisme et une voix à la Bashung qui cultive un phrasé singulier

Le trio bordelais Dätcha Mandala existe depuis 2009 mais a vraiment décollé en 2017 en ouvrant pour Les Insus au Stade de France et en sortant un premier album enregistré par Clive Martin. Pour son second essai, les trois ont fait confiance au même producteur et ce dernier, en bon connaisseu­r de leur démarche, a su mettre en valeur ce rock heavy chanté en anglais qui plonge ses racines dans les années 70

(Led Zeppelin, Black Sabbath) et qui parvient à allier grosses guitares et voix de tête avec une efficacité forgée par de nombreux concerts

Originaire de Nancy, Orwell poursuit depuis vingt ans la quête d’une pop sophistiqu­ée et esthétique, sous l’impulsion de son concepteur, Jérôme Didelot, qui a recours à des formations musicales à géométrie variable. Avec des textes inspirés de l’oeuvre de Theodore Sturgeon, ce sixième album (en français, comme le précédent) reste fidèle à ses fondamenta­ux de raffinemen­t et de délicatess­e et varie les plaisirs en s’aventurant du côté d’une pop acoustique jazzy et en faisant appel à la chanteuse de Holden

Initié par Antonin Ternant depuis 2015, Black Bones est un quintette de Reims dont le second album sort de l’ordinaire. Enregistré dans un ancien couvent, il bénéficie d’un son majestueux et sépulcral qui convient parfaiteme­nt à une pop mutante fortement influencée par les Pixies. Les morceaux savent varier les atmosphère­s sans se complaire dans cette ambiance de cathédrale, n’hésitant pas à oser de sautillant­es incartades et ils révèlent leur richesse harmonique en surfant sur l’ampleur de la voix féminine et des choeurs

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