La Légende De Baahubali
Le pays, presque aussi immense que le quart de la face cachée de la Lune, produisant en moyenne 1600 films par an. Loin devant les 500 productions hollywoodiennes annuelles. Certains de ces films sont arrivés en France au compte-gouttes. Distribués dans les années 60 et 70 dans des salles de quartier du nord de Paris (comme Le Louxor ou Le Delta), le cinéma de (comme on l’appelle) a continué d’exister sur support magnétique. Via des VHS louées ou vendues dans certaines boutiques du quartier indien de la Gare du Nord. Toujours est-il que ce cinéma populaire est resté assez mystérieux aux yeux du grand public franchouillard, plus prompt (à l’époque) à payer sa place pour les coups de flingue de Delon, les cascades de Belmondo ou les grimaces de De Funès. Mais depuis une dizaine d’années (à peu près), les films de Bollywood se sont mis à l’heure hollywoodienne. Techniquement parlant s’entend. Et ce, à coups de blockbusters titanesques dont certains ont eu droit à de courtes exclusivités dans une unique salle parisienne (Publicis, en haut des Champs-Elysées). Ce fut le cas de “Devdas” ou “My Name Is Khan”, deux drames indiens qui ont passé les frontières avec un certain succès. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? A l’instar du cinéma populaire russe, Bollywood fait maintenant dans les grosses productions
le foutraque “6 Underground” de Michael Bay, cinéaste au style plus qu’épileptique, a fait les plus grosses audiences de la plateforme cet hiver. Jusqu’à ce que “Tyler Rake” débarque. Officiellement, c’est donc ce blockbuster-là qui bat tous les records de clics, tous films confondus, sur
Netflix avec pas loin de 100 millions de vues à travers le monde depuis sa mise en ligne le 24 avril dernier. Premier long métrage d’un certain Sam Hargrave, cascadeur réputé à Hollywood depuis quinze ans, et produit par les frangins Anthony et Joe Russo, réalisateurs des derniers “Avengers”. “Tyler Rake” ne révolutionne pas vraiment le genre : on y suit le baroud destructeur d’un mercenaire dur à cuire partant délivrer le jeune fils kidnappé d’un parrain de la pègre. Malgré un scénario écrit sur un ticket de métro (dialogues compris), “Tyler Rake” réussit pourtant à mettre le paquet dans ses scènes d’action fiévreuses mixant bastons et fusillades, dont certaines sont shootées dans de longs et hallucinants plans séquences maîtrisés au coup de mâchoire près. Chris Hemsworth — le Thor des productions Marvel — bande ses muscles façon Schwarzenegger et prend une grosse voix rauque à la Stallone en dégommant (par le feu ou par les poings) des tonnes de cascadeurs indiens déchaînés dont certains semblent être surpris par la portée de ses coups. De tout ça, au final, exhale un subtil parfum Cool !
La Traque
On le sait et c’est désormais acquis : le cinéma coréen contemporain est l’un des meilleurs du monde. Voir le génial “Parasite” qui, à l’unanimité de la planète cinéma, a récolté toutes les récompenses du monde l’année dernière, de la Palme d’or aux Oscars en passant par les Césars. Sans valoir, évidement, le chef-d’oeuvre de Bong Joon-ho, “La Traque” de Yoon Sunghyun est un autre bon exemple du cinéma de genre coréen qui assure. Au delà de son intrigue lambda (quatre jeunes désoeuvrés organisent le hold-up d’un casino tenu par la mafia avant de se faire traquer par un tueur sans pitié), de ses séquences de gunfights pleines de douilles fumantes et de ses courses poursuites très tendues, “La Traque” donne aussi un aperçu sociétal assez réaliste de cette Corée (du Sud, donc) engoncée dans une crise financière où la seule solution pour s’en sortir est de faire le mal. D’où l’attachement ému que l’on se surprend à avoir envers les quatre protagonistes obligés de se comporter (malgré eux) comme d’authentiques brutes afin de ne pas perdre la vie
JUIN 2020
R&F
089
Le Fléau De Breslau
Un polar polonais de série B. L’évènement est suffisamment rare pour qu’on s’accroche à ce thriller d’une noirceur carabinée dans lequel une femme flic dépressive enquête sur un tueur en série qui exécute ses victimes de la façon la plus crade qui soit. Une sorte de “Seven” où le sang aurait remplacé le nihilisme ambiant (quoique). Au-delà du fait qu’on s’amuse à essayer de deviner qui est l’assassin, les adorateurs du dieu gore (une secte en soi) seront surpris par quelques séquences ignobles qui ont valu au film une interdiction aux moins de 18 ans sur Netflix (tout comme le “Love” de Gaspar Noé, mais lui pour des raisons séminales). Avec au programme (entre autres joyeusetés) : un homme écartelé entre deux chevaux, une femme brûlée vive sur une scène de théâtre, une décapitation façon Louis XVI (ou Marie Antoinette, au choix !) et des autopsies où l’on ne distingue plus les coutures de cadavres au Latex extrêmement réaliste. Via ces séquences outrageantes, “Le Fléau De Breslau” rejoint, finalement, les franchises d’horreur à succès comme les “Saw”, “Hostel” ou “Destination Finale”
Qu’un Sang Impur…
Sorti en salles l’hiver dernier dans l’anonymat général, “Qu’Un Sang Impur” trouvera certainement son public en VOD, car le film d’Abdel Raouf Dafri — plus connu pour ses écrits pour les films de Jean François Richet, les deux “Mesrine” et “Un Prophète” — aurait mérité au moins un succès d’estime. Pour son premier long métrage, le scénariste s’attaque aux dessous peu glorieux de la guerre d’Algérie comme avait osé le faire voici presque 50 ans des cinéastes comme Yves Boisset (“RAS”) ou René Vautier (“Avoir Vingt Ans Dans Les Aurès”). Mais, tout en insistant, comme ces deux films, sur l’aspect ultraréaliste, Raouf Dafri joue en plus la carte du western et du film de genre, lui-même étant depuis toujours un amateur de cinéma hollywoodien classique. D’où ce mélange très tenu entre cinéma d’action distractif et pamphlet engagé