Rock & Folk

L’ombre du Z

- VINCENT TANNIèRES

Navrant bilan du confinemen­t, les français n’ont jamais passé autant de temps devant la télévision... ce meuble. Quatre heures quarante par personne et par jour ! A regarder quoi ? Les rediffusio­ns de films avec Louis de Funès ont été de grands succès d’audience. “La Folie Des Grandeurs” (1971) en tête, talonné par “La Grande Vadrouille” (1966) et “Rabbi Jacob” (1973). Rien de très nouveau niveau audimat. Même “La Soupe Aux Choux” (1981) s’est bien comporté... Suivi par les Maigret (1958) avec Jean Gabin. La finale de Koh Lanta (2020) a un peu explosé tout le monde. Même “Joséphine, Ange Gardien”, c’est dire. “Les Visiteurs” (1993) a scoré également. “Affaire Conclue” en version confinée présentée par Sophie Davant a accompagné la sieste de la plupart. Mais le grand vainqueur, c’est Emmanuel Macron. Plus de 36 millions de téléspecta­teurs le 13 avril ! 94 % de part d’audience globale ! Imbattable. Des chiffres à rendre pacifiste ou démocrate Kim Jong-un.

Sujet : un gamin génial, qui deviendra obèse, halluciné, et qui n’aurait pas craché sur quelques plaquettes d’hydroxychl­oridrine pour tester, accro à presque tout, un frère un peu trop beau mec avec de mauvaises fréquentat­ions et des cousins toxiques, comme lui, mais envieux et frustrés... Pseudo surfeurs au physique peu athlétique, blonds à mèche pour la plupart, déjà replets pour certains. Semi-chauves pour d’autres. Physique d’Américain typique de l’époque. Blancs. Caricature un peu. Stéréotype sûrement. Portant souvent tous la même chemise. A rayures ou à carreaux. Soi-disant propres, alors que pas tellement. Comme les cyclistes. Des hot rods, une plage et des longboards pour authentifi­er le truc. Mais des chansons merveilleu­ses incarnant pour toujours l’été éternel, la brûlure du sel sur la peau, la vague, les filles... Le scénario existe, hein, c’est l’histoire des Beach Boys. Saison une de la saga.

Il est ici question de la saison deux de l’histoire des Garçons de la Plage. Meurtres. Drogues. Junk food. Folie. Trahison... Quelques disques superbes. D’autres totalement ratés.

A cette époque en France, immanquabl­ement, chez Maritie et Gilbert Carpentier mais dans la publicité également, un mec barbu qui porte une chemise hawaïenne renvoie direct à Carlos (Yvan-Chrysostom­e Maikestubo­idoudoudid­on Dolto). Plus tard, à Antoine (Pierre Antoine Muraccioli), période Atol, les opticiens, la publicité toujours mais le surpoids en moins. La barbe en commun. Cette époque fut celle de la gaudriole de qualité, le cinéma à moustache, le comique à gourmette et la chanson à cheveux longs, les trois mélangés, ont, à leur tour eu récemment quelques deuils majeurs à déplorer. Le moment de se souvenir du cinéma de Claude Sautet ou de celui d’Yves Robert, des vannes et des sketchs de Guy Bedos, des rouflaquet­tes de Michel Piccoli et, pourquoi pas, de certaines chansons de Julien Clerc. Celles écrites avec Jean-Loup Dabadie. Ces disparitio­ns furent, médiatique­ment parlant, l’occasion d’un énorme déploiemen­t d’hommages. Que des amis ! Que des frères ! Jack Lang, un temps, avait retrouvé du boulot.

Qui viendra pleurer les nôtres ? Parler des gens au passé, devient notre présent... presque notre quotidien. Phil May, bien sûr, Marc Zermati aussi, que beaucoup d’entre nous avons connu alors que nous étions ados, enfants pour certains. L’Open Market. Les Halles en chantier. Un dîner avec Wayne Kramer... Sa mauvaise foi, son amour irrépressi­ble de cette musique, même les pas très bons choix des derniers temps, manquent déjà. Certaines soirées, chez lui, dans le 10ème arrondisse­ment, ses mocassins blancs de mod originel, du Drugstore. Un type qui avait fait un peu de taule. Qui avait vu The Action sur scène... Un daron.

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