Rock & Folk

Ray LaMontagne

- “Monovision”

que l’on n’avait pas eu envie de se dandiner à l’écoute d’un album de Ray LaMontagne. Ce petit miracle s’appelle “Strong Enough”, merveille de soul blanche et funky pas si loin de certains sommets du Band interprété­s par Levon Helm. Chanteur à la voix de miel débarqué en 2004, LaMontagne avait commencé par faire carton plein avec un folk pastoral de toute beauté, avant de donner quelques sueurs froides à ses fans (et à sa maison de disques) en confiant les rênes de ses production­s à Dan Auerbach et Jim James (“Supernova” et “Ouroboros”, respective­ment), sacrifiant les chansons sur l’autel des ambitions sonores. L’homme a rectifié le tir avec “Part Of The Light” (2018), sur lequel avec guitares hurlantes, mais c’est tout le contraire. Jolis accords mineurs, coulées de piano, Neal Black ouvre par un slow blues porté par sa voix chaude et profonde (“Don’t Follow Me There”), conclu par des gerbes de six-cordes et de saxophone, mais sans démesure. Derrière, belle surprise, le (petit) classique de Bobby Charles, “Why Do People Act Like That”, que son auteur offrit à Muddy Waters en 1975, et ici servi par l’harmonica de Nico Wayne Toussaint. Natif de l’Etat de Washington, Neal Black s’est relocalisé dans le Texas au cours des années 1980 pour devenir une émérite figure du blues rock local, avant de poser ses valises à New York, puis en France. Black, grand bien lui fasse, n’est pas un de manche, troussant à la va-vite quelques morceaux sur des structures convenues pour mieux dégoupille­r sa gamme pentatoniq­ue. Tant s’en faut : les compositio­ns sont consistant­es d’un bout à l’autre, et ce dans une palette pour le moins étendue : Texas swing à la Clarence Gatemouth Brown (“Green Bean Swing”), scansion vaudou néo-orléanaise (“Never Been Lucky”), instrument­al latino évoquant Santana et Allman Brothers (“Alabama Flamenco”), shuffles tout en nerfs...

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